introduction

Né et élevé dans The Beaches, dans l’est de Toronto, Glenn Gould (1932–1982) a trouvé son expression personnelle et professionnelle dans son instrument : le piano. Avant tout, Glenn Gould était un individu. Son jeu était unique, ses choix de morceaux, inattendus, et ses interprétations, créatives.

Peu d’artistes ont cherché à communiquer avec leur public comme il l’a fait. Glenn Gould apportait quelque chose de nouveau à tout ce qu’il touchait.

Les prestations de Gould ont été adaptées au rock, au jazz et à l’électronique. En 2018, le violoniste Andrew Forde a exploré l’identité des Noirs canadiens à travers une interprétation de la musique de Gould. De plus, le collectif torontois Uninvited Guests a créé des remix pop et hip-hop modernes à partir d’échantillons d’enregistrements de Gould.

L'adolescence de Gould
Un jeune Glenn Gould est assis à un orgue dans la salle de concert du Conservatoire de musique de Toronto vers 1945.

Glenn Gould jouant de l’orgue dans la salle de concert du Conservatoire de musique de Toronto vers 1945

Photo de Page Toles, Bibliothèque et Archives Canada, Fonds d'archives Glenn Gould, MUS 109-290, nlc-3749. Avec l'aimable autorisation du Conservatoire royal de musique et la succession de Glenn Gould

La première note du succès

Né en 1932 dans une famille de musiciens de The Beaches, dans l’est de Toronto, Gould a commencé à jouer du piano à l’âge de trois ans avec une oreille parfaite. Lisant la musique avant de pouvoir lire les mots, Gould aimait pratiquer et jouer du piano.

Gould a remporté à plusieurs reprises la première place aux examens de piano du Royal Conservatory dans sa jeunesse. Qualifié de «jeune et brillant artiste torontois», Gould était sur la voie du succès avec une compétence technique exceptionnelle. Les critiques l'ont salué comme le prochain roi du piano.

Un jeune musicien

Un jeune musicien

Célèbre pour sa musique, son génie artistique et sa personnalité excentrique, Glenn Gould était également connu pour son profond amour des animaux. Dans son enfance, Glenn a un jour essayé d’introduire une moufette dans la maison de vacances de sa famille.

Il a affectueusement nommé ses animaux d’après des compositeurs, comme Mozart, sa perruche, et ses trois poissons rouges nommés Bach, Beethoven et Chopin. « À l’âge de six ans », a-t-il un jour réfléchi, « j’ai fait une découverte importante : je m’entends beaucoup mieux avec les animaux qu’avec les humains. »

L’enfant Glenn Gould est photographié avec son chien Nicky. Gould est assis sur un banc à côté de son piano. Il est vêtu d’une tenue élégante, avec une chemise blanche et une cravate. Gould est assis dans une pose décontractée, son bras gauche reposant sur le dessus du piano et sa main droite touchant le clavier. Son chien à fourrure blanche et noire place sa patte avant droite sur la jambe droite de Gould. Une partition est ouverte sur le dessus du piano.

Glenn Gould dans son enfance, au piano avec son chien Nicky, Toronto, vers 1940.

Avec l’aimable autorisation du fonds Gordon W. Powley C 5-1-0-133-2, Archives de l’Ontario, I0002768

Eaton Auditorium

Eaton Auditorium

Une image de journal en noir et blanc d'un jeune garçon photographié de profil. Sous son image se trouvent les mots "Glenn Gould, brillant jeune pianiste torontois donnera le premier récital de la série internationale à l'Auditorium Eaton, le 20 octobre"
Une publicité de 1947 du Toronto Daily Star fait la promotion de l'une des premières performances professionnelles de Glenn Gould. Gould a joué pour la première fois sur la scène de l'Auditorium Eaton en 1945 à l'orgue; le concert de 1947 marque son premier récital solo en tant que pianiste.
Toronto Daily Star, 11 octobre 1947

Glenn Gould a fait ses débuts professionnels à l'Eaton Auditorium du centre-ville de Toronto alors qu'il n'avait que 14 ans. Salué par la critique comme un génie du piano, Gould a pu être trouvé sur plusieurs autres scènes importantes de Toronto, y compris Massey Hall à la fin des années 40 et au début des années 50. Bien que Gould finisse par jouer sur les scènes du monde entier, c'est sa première scène professionnelle à l'Eaton Auditorium qui est devenue sa préférée.

Dans ses dernières années, Gould est retourné à l'Eaton Auditorium pour faire la plupart de ses enregistrements professionnels, même après la fermeture de l'Auditorium au public en 1977.

Le succès de Gould

Un contrat de disque

Lors de l’une de ses premières tournées professionnelles, Gould a donné un concert à l’hôtel de ville de New York en janvier 1955. La participation a été modeste, mais dans le public se trouvait un critique musical du New York Times, qui a applaudi le jeu expressif de Gould et a déclaré que cette première prestation du musicien à New York était « de bon augure ».  

De plus, un représentant de Columbia Records se trouvait également dans l’assistance et a signé un contrat de disque avec Gould dès le lendemain. C’était la première fois que Columbia signait un contrat avec un Canadien.

Portrait d’un jeune Glenn Gould en chemise blanche. Gould regarde légèrement vers le bas tout en parlant. Il tient ses mains devant son corps, à mi-chemin dans un geste.

Portrait d’un jeune Glenn Gould faisant des gestes avec ses mains. En plus de son talent musical, Gould s’est fait connaître par ses habitudes particulières, qui sont devenues chez lui un trait distinctif.

Photographe inconnu, s.d. Bibliothèque et Archives Canada, numéro de référence archivistique R13915-1

Les Variations Goldberg

Regarde : Les Variations Goldberg

En juin 1955, Gould a enregistré son interprétation des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach. Gould a choisi de réimaginer au piano cette pièce écrite à l’origine pour un clavecin du XVIIe siècle. Sorties en 1956, les Variations Goldberg de Gould se sont vendues à 40 000 exemplaires au cours des cinq premières années, une quantité impressionnante pour un enregistrement classique.  L’enregistrement a propulsé le jeune homme de 24 ans vers une renommée internationale. Il demeure son enregistrement le plus reconnu et le plus célébré.

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Regarde comment Glenn Gould décompose certaines parties et certains éléments musicaux essentiels des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach dans une diffusion de la CBC en 1964. Glenn Gould avait une façon bien à lui d’interagir avec le public. Par exemple, il se penchait très près des touches du piano et fredonnait à haute voix, ce qui a contribué à alimenter la fascination du public pour ce jeune musicien. Gracieuseté de CBC. Remarque : Cette vidéo de tiers n’est pas sous-titrée.

Voir la transcription

[Glenn Gould est assis au piano dans un studio d’enregistrement.]

[Glenn Gould] Dans cette musique, le principal aspect de la variation réside dans la préservation d’une certaine séquence d’intervalles qu’on fait se chevaucher et se combiner à diverses distances et dans différentes textures.

La constante est la substance de l’intervalle elle-même, et la variable, les propositions harmoniques auxquelles elle donne naissance. La pièce de Swellings était surtout vocale dans son orientation et elle rappelait vraiment l’artisanat linéaire de la Renaissance.

Mais il y a un autre type de variation baroque : celle qui dérive de ce qu’on appelle une figure de basse continue – une séquence de notes qui servent de base pour une certaine harmonie qui se construit au-dessus d’elles, mais qui ne sont pas nécessairement intégrées comme le thème ou la mélodie de la composition, comme c’était le cas pour le motif de Swellings.

Et contrairement à la musique de Swellings, ce principe tend à privilégier les compositions instrumentales plutôt que vocales. C’est ce principe de variation que Jean-Sébastien Bach utilise dans ses célèbres Variations Goldberg, et je vais maintenant jouer environ le tiers de cette œuvre. En fait, les neuf variations sont également des canons.

En effet, une variation sur trois de cette œuvre en 30 parties (soit les variations 3, 6, 9, etc.) entretient un dialogue imitatif constant entre ses voix supérieures. Et à chacune de ces variations, que l’on appelle variations canoniques, l’intervalle s’élargit entre les voix utilisées canoniquement. Le premier des canons n’a aucune séparation d’intervalle. C’est ce qu’on appelle un canon à l’unisson.

[Musique]

Et l’écart entre les intervalles des parties imitatives s’élargit progressivement tout au long de l’œuvre, jusqu’à ce que dans la variation 27, qui est le dernier de ces canons, il atteigne une neuvième. Voici de quoi ça a l’air.  

[Musique]

Ainsi, à travers toutes ces variations canoniques, la séquence harmonique à laquelle elles doivent se conformer reste parfaitement constante. Il s’agit toujours de ces 32 notes qui structurent les harmonies de base. Et malgré toutes les complexités de ce type de texture, les canons sont toujours conçus de manière à être responsables des connotations harmoniques de cette séquence de 32 notes.

Et présentant une variation dans sa structure de base et dans sa structure canonique linéaire, cette merveilleuse pièce incarne à merveille la texture bidimensionnelle qui était propre à Bach. C'est une glorieuse combinaison des nouveaux standards harmoniques de son époque avec les sonorités majestueuses du contrepoint vocal qui rappelaient une époque antérieure. Voici donc les neuf variations canoniques des Variations Goldberg précédées de leur thème.

Glenn Gould, vêtu d’un smoking à longue queue, joue du piano en Union soviétique, en 1957. Sur cette photo, Gould apparaît comme une silhouette sombre devant un rideau de couleur claire. Gould est profondément investi dans sa prestation. Il a ramené sa jambe gauche sous son banc. Ses cheveux tombent vers l’avant sous l’intensité de son jeu.

En 1957, Gould entreprend une tournée de concerts en Europe qui comprend également deux semaines en URSS. Le public de Moscou a été ravi de le recevoir, lui qui était le premier pianiste nord-américain et premier musicien canadien à se produire en URSS depuis la mort de Staline en 1953. Ses concerts se sont terminés par des acclamations, des larmes et des rappels sans fin.

Bibliothèque et Archives Canada/Fonds d’archives Glenn Gould/MUS 109-230 © Inconnu. Reproduit avec la permission de la succession de Glenn Gould et Glenn Gould Limited. nlc-3795

Gould Goldberg Variations

Écoute : Les Variations Goldberg

S’il y a une excuse pour faire un album, c’est de le faire différemment, d’aborder l’œuvre d’un point de vue entièrement récréatif...

— Glenn Gould, 1968

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Une retraite surprise

Une retraite surprise

Malgré son succès, Gould n’appréciait pas autant ses concerts que son public. Il a donc décidé de mettre fin à ses prestations à l’âge de 32 ans. N’ayant jamais aimé la ferveur du public ni le fait de jouer sur différents pianos dans des lieux qui lui étaient inconnus, Gould a rapidement cessé d’accepter des réservations pour des spectacles après la fin de sa saison 1963-1964. À l’époque, peu de gens se rendaient compte que le concert de Gould du 10 avril 1964 à Los Angeles serait sa toute dernière apparition publique. Dans toute sa carrière professionnelle, Gould a donné moins de 300 concerts.

À défaut de donner des concerts, Gould a collaboré avec la CBC, créant des programmes radio visant à enseigner la musique au public. Fasciné par la technologie, il a contribué à des enregistrements de récitals, à des documentaires et à d’autres programmes de la CBC. Il considérait qu’il s’agissait d’un moyen plus intime de communiquer avec l’auditeur que les prestations sur scène. Mais il ne s’est pas contenté d’exploiter le potentiel des médias pour transmettre ses prestations; il a souhaité pousser les médias dans de nouvelles directions.

Gould Radio

Écoute : The Solitude Trilogy

Entre 1967 et 1977, Glenn Gould a produit une série de documentaires radio connus sous le nom de The Solitude Trilogy. Dans chaque programme, il expérimentait avec les techniques de superposition audio en utilisant diverses couches de son. Il a créé ce qu’il a appelé la « radio contrapuntique », dans laquelle plusieurs personnes parlent simultanément, formant un contrepoint oral.

Glenn Gould croyait que la musique électronique était l’avenir de la musique. Selon lui, les jours des prestations sur scène étaient comptés. Il voyait un avenir où toute la musique serait consommée par le biais des enregistrements, de la radio et de la télévision.

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Gould quote

Au centre du débat technologique se trouve donc un nouveau type d’auditeur : un auditeur qui participe davantage à l’expérience musicale... Car cet auditeur n’est plus un analyste passif; c’est un associé dont les goûts, les préférences et les inclinations modifient même maintenant de façon périphérique les expériences auxquelles il prête son attention, et dont la participation complète dictera l’avenir de l’art de la musique.

— Glenn Gould, « The Prospects of Recording », publié dans le magazine High Fidelity, 1966
Les dernières années de Gould

Les dernières années de Gould

Glenn Gould a continué à enregistrer des albums, des reportages télévisés et des émissions de radio. En 1981, il est revenu à l’œuvre qui avait fait sa renommée trente ans plus tôt : les Variations Goldberg. Ce qu’il ne savait pas, c’est que son enregistrement des Variations Goldberg en 1981 serait son dernier enregistrement pour sa maison de disques, Columbia Records.

En effet, deux jours après son 50e anniversaire, Glenn a subi un grave accident vasculaire cérébral qui l’a plongé dans un coma. Il est mort une semaine plus tard, le 4 octobre 1982. En 1983, la version des Variations Goldberg qu’il a enregistrée en 1981 remportera le prix JUNO du meilleur album classique et le prix Grammy de la meilleure interprétation par un soliste instrumental.

Des semelles bien usées

Des semelles bien usées

Signe de sa personnalité particulière, Glenn Gould laçait ses chaussures, souvent une paire d’oxfords, pour pouvoir les enfiler et les enlever à sa guise. Gould a rarement ciré ses chaussures et les a portées sous la pluie, avec des chaussettes dépareillées, en laissant généralement ses lacets défaits.

Cette paire de chaussures a été fabriquée par l’entreprise Matthew Dack Footwear de Toronto. Son fondateur, Matthew Dack, a émigré d’Irlande à Kingston, en Ontario, avant de s’installer à Toronto en 1834, la même année où Toronto est devenue une ville. Dack a ouvert sa première boutique au centre-ville, au coin de King et de Jordan, et est reconnu comme l’un des plus anciens fabricants et détaillants de chaussures au Canada, spécialisé dans les chaussures de haute qualité pour hommes.

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Interagir avec ce modèle 3d

Commandes du clavier: Utilisez les touches fléchées pour faire pivoter l'objet et les touches haut / bas pages pour zoomer.

Découvre cette paire de souliers bien usés de Glenn Gould. Au cours de sa carrière, Gould a possédé de nombreuses paires similaires à celles-ci. Il a porté cette paire de 1978 à 1982 environ, vers la fin de sa vie. Collection du Bata Shoe Museum, Toronto, Canada. L97.0002.A-D

Uninvited Guests Text fr

Un nouveau public

En octobre 2020, en l'honneur de ce qui aurait été le 88e anniversaire de Glenn Gould, le rappeur et producteur torontois Billy Wild, en collaboration avec plusieurs artistes torontois, a sorti l'album Uninvited Guests. L'album de 9 titres propose une réinvention moderne de la musique de Glenn Gould, interprétée à travers le prisme de divers genres, allant du hip hop à la musique électronique.

Fruit d'un projet de sept ans de la maison de production torontoise Division 88, Uninvited Guests a débuté en tant que collectif artistique pour rendre les enregistrements pour piano de Gould disponibles sous forme d'échantillons de hip hop ou de remix électroniques.

[Gould] était le parrain de la musique électronique, et personne n’a reconnu cela [...]. La chose qui nous a le plus marqués – et c’est autour de cela que nous avons construit tout le projet –, c’est qu’il a prédit que le public deviendrait l’artiste et que la vie deviendrait l’art. 

– Billy Wild, bassiste et producteur des Uninvited Guests
Regarde : Des classiques réinventés

Regarde : Uninvited Guests

Souhaitant apporter les enregistrements musicaux de Gould à un nouveau public, le projet d'artiste collectif et l'album 2020 Uninvited Guests réinterprètent la musique et les vidéos de Gould dans une gamme de styles musicaux, un qui perpétue la passion de Gould pour l'utilisation de la technologie pour créer de la musique. Écoutez comment Uninvited Guests préserve et réinvente les enregistrements classiques de Gould.

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Gracieuseté de la succession de Glenn Gould, Primary Wave, Division 88, et Uninvited Guests. Remarque : Cette vidéo de tiers n’est pas sous-titrée.

Voir la transcription

[Musique]

La vidéo s’ouvre sur un montage de Glenn Gould jouant du piano, mélangé avec des images de musiciens d’aujourd’hui qui règlent leur équipement et jouent de divers instruments.

[Glenn Gould]

Je crois que la seule excuse que nous ayons pour être musiciens et pour faire de la musique, quelle que soit la mode, est de faire autrement

[La musique continue.]

On voit ensuite un montage montrant Glenn Gould jouer du piano et des musiciens d’aujourd’hui régler leur équipement et jouer de divers instruments. Ensuite, on voit apparaître à l’écran un logo noir et blanc représentant un insecte.

Explore à fond

Explore à fond

Colin Eatock. Remembering Glenn Gould: Twenty Interviews With People Who Knew Him. Ontario : Penumbra Press, 2012.

Vladimir Konieczny. Glenn Gould: A Musical Force. Toronto : Dundurn Press, 2008.