introduction

En 1999, Nadine McNulty, directrice artistique du festival AfroFest, s’est arrêtée au magasin de disques Somali Hall of Fame de Rexdale pour demander au propriétaire s’il connaissait de nouveaux interprètes ou groupes somaliens locaux.

Un jeune homme l’a suivie à l’extérieur et s’est présenté : « Je suis un artiste somalien et j’aimerais bien participer à ce projet. »  

Après quelques rencontres et séances de coaching, Mme McNulty l’a recruté pour chanter dans le cadre du festival AfroFest 2000. Tenu au Queen’s Park, dans le centre de Toronto, le plus gros festival de musique africaine gratuit en Amérique du Nord célébrait la diversité de la musique et des cultures africaines.

En ce jour pluvieux, K’Naan a donné son premier concert. Il y avait travaillé pendant plus d’une décennie. Seul le succès mondial de sa chanson de 2008 « Wavin’ Flag » a éclipsé cette première prestation à Toronto.

Quitter Mogadiscio

Quitter Mogadiscio

Né en 1978 à Mogadiscio, capitale de la Somalie, K'Naan (né Keinan Abdi Warsame) a vécu les horreurs de la guerre civile. Élevé par sa mère et sa tante Magool, un célèbre chanteur somalien, la musique et la poésie ont été un élément important de son éducation.

Mais, à partir de la fin des années 80, la violence de la guerre civile en Somalie a transformé l'enfance de K'Naan.

Avant une guerre il y a un vent de violence et on commence à voir l'appréhension chez les gens, le refus de sortir tard le soir.

Ces petites choses… il n’ya pas d’école aujourd’hui, pour une raison quelconque.

—K'Naan, entrevue avec Toronto Life, décembre 2008

Un jour, après l’école, K’Naan et ses amis lavaient leur tableau d’écolier lorsqu’ils ont ramassé ce qu’ils croyaient être une pomme de terre.

L’objet s’est avéré être une grenade.

La goupille est tombée et K’Naan a lancé la grenade le plus loin possible. L’explosion a détruit la moitié de l’école. Par miracle, personne n’a été blessé.

Espérant éviter toute violence supplémentaire, sa mère a réussi à obtenir des visas de sortie pour elle et ses deux enfants le jour avant la fermeture de l’ambassade américaine en Somalie en 1991.

Au jeune âge de 13 ans, K’Naan a pris place sur le dernier vol commercial à quitter la Somalie au moment où le pays plongeait dans des décennies de guerre civile.

Le Petit Mogadiscio

Le Petit Mogadiscio

K’Naan a passé du temps à Harlem, à New York, avant de s’installer dans le quartier Rexdale de Toronto, surnommé le « Petit Mogadiscio ». Il est devenu membre du « Dixon Crew », un gang de jeunes Somaliens de Toronto.

Victimes de profilage racial de la part des policiers, les membres du Dixon Crew, dont K’naan, étaient souvent arrêtés.

K’Naan a aussi vécu la violence des gangs de rue, été témoin de la déportation d’amis somaliens du Canada et perdu des amis au suicide. Il a abandonné l’école secondaire en 10e année, et à 18 ans a décidé de voyager. Durant cette période, il n’a jamais cessé d’écrire.

Je n’allais pas passer ma vie à me sauver des policiers et à habiter dans ces quartiers mal famés. Je n’avais pas quitté les Somaliens pour me bâtir une autre Somalie au Canada.

— K’Naan

Canada

Pour moi, le Canada a joué le rôle de bon et de méchant, particulièrement au début, durant la période d’intégration et d’assimilation.

— K’Naan, entrevue avec le magazine Maclean’s, 2010
Devenir un troubadour

Devenir un troubadour

K’Naan a finalement atterri à Washington, D.C. et s’est immergé dans l’univers de la création orale, très présent dans cette ville. À la même époque, il s’est taillé une réputation pour sa poésie publiée sur des sites somaliens.

En 2001, ses voyages l’ont mené en Europe, où son ami et promoteur musical canadien Sol Guy l’a aidé à se présenter devant l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Il s’agissait du 50e anniversaire de l’adoption de la Convention relative au statut des réfugiés de 1951, et le texte de K’naan avait été soigneusement étudié avant d’être accepté. Toutefois, il a décidé d’improviser et a ajouté un passage sur la mission onusienne ratée en Somalie.

À sa grande stupeur, son allocution a reçu une ovation debout, menée par le chanteur africain Youssou N’Dour, dont on entendait haut et fort les « Magnifique! » retentissants. Cette année-là, K’Naan a réalisé des enregistrements avec Youssou N’Dour et l’a accompagné en tournée.

The Travelling Musician
 Impression à la planche d’un lion assis dans l’herbe

Un moment charnière est survenu pour K’Naan alors qu’il écrivait Soobax, une chanson bilingue (anglais et somalien). Le titre de la chanson signifie « sortir ». Cette chanson, tirée de son premier album The Dusty Foot Philosopher, lui a permis d’établir son son. Elle a notamment été utilisée dans la trame musicale du jeu vidéo FIFA06. Illustration de Scott Blake, avec l’aimable autorisation du prix de musique Polaris

 Illustration imprimée à la planche d’une silhouette masculine portant un chapeau et un foulard entourée de rayons lumineux colorés qui brillent derrière elle.

En 2008, K’Naan a lancé l’album Troubadour, perfectionnant son style de chansons autobiographiques jumelées à des rythmes de musique populaire africaine. Cet album a été en lice pour le Prix de musique Polaris. Le disque comportait des collaborations avec Mos Def, Damien Marley, Adam Levine et Kirk Hammett. Illustration d’Alice Pheu, avec l’aimable autorisation du prix de musique Polaris

Soobox

Écoute : Soobax

What to do?
Where to go?
I got to be a refugee
damn, soobax

— Musique et paroles de K'Naan

Voir la traduction

Je fais quoi?
Je vais où?
Je dois être réfugié
merde, soobax

?

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Wavin' Flag

Just Like a Wavin’ Flag

L’album Troubadour de K’Naan, endisqué en 2008, comportait la version originale de « Wavin’ Flag », chanson inspirée par un poème de son grand-père, Haji Mohammad, un poète somalien bien connu. K'naan racontera plus tard l'histoire des origines de la chanson dans son livre pour enfants de 2012 When I Get Older: The Story Behind « Wavin' Flag ».

En réaction au tremblement de terre dévastateur survenu à Haïti en 2010, K’Naan a enregistré une version remixée de la chanson avec 57 artistes, dont Drake, Broken Social Scene, Jim Cuddy du groupe Blue Rodeo, The Arkells et Justin Bieber. La chanson a gagné un prix JUNO et, plus important encore, elle a permis d’amasser plus d’un million de dollars pour la cause.

Coca-Cola a entendu parler du succès de la chanson et l’a sélectionnée comme chanson thème officielle pour la Coupe du Monde FIFA 2010 en Afrique du Sud. En raison de ce choix, K’Naan est devenu une vedette internationale du jour au lendemain, et la chanson s’est retrouvée en tête de palmarès dans 18 pays.

 Pour la version de la Coupe du Monde, K’Naan a réécrit les paroles afin d’y inclure 17 dialectes africains. Il a aussi remixé les paroles afin de refléter la nature festive de l’événement.

Wavin' Flag

Écoute : Wavin’ Flag

Give me freedom
Give me fire
Give me reason
Take me higher

— K’Naan, Wavin’ Flag

Voir la traduction

Donne-moi la liberté
Donne-moi le feu
Donne-moi la raison
Amène-moi plus haut

?

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Country, God or the Girl

Country, God
or the Girl

En décembre 2012, K'Naan a écrit un éditorial autocritique dans le New York Times deux mois après la sortie de son album studio Country, God or the Girl. Dans l'article, K'Naan a réfléchi sur son ascension vers la gloire dans la musique nord-américaine: comment sa musique s'était lentement éloignée de la mention de la Somalie et de ses expériences de guerre dans l'enfance.

Bien que l'album ait présenté certains des plus grands noms de la musique, K'Naan s'est accusé d'avoir essayé de plaire aux fans nord-américains. À la fin de l'éditorial, K'Naan s'est promis que sa musique à l'avenir n'ignorerait pas les thèmes qui étaient importants pour lui, même au détriment de la renommée.

Country, God or the Girl est le dernier album studio de K'Naan depuis plus de huit ans.

Quand j'écris du plus profond de mon cœur, disent mes conseillers, je rappelle trop aux gens la Somalie, à laquelle j'ai échappé en tant que garçon...

Je viens avec tout le bagage de la Somalie - de la poésie de mon grand-père, des rythmes battants, de la guerre, d’être immigré, d’être artiste, de devoir expliquer certaines choses. Même dans les mélodies les plus amicales, quelque chose dans ma voix attise un puits d’histoire - une sombre histoire, une victoire perdue.

—K'Naan, The New York Times, December 8 2012
Un homme et une femme chantent dans un micro.

K’Naan a surpris les membres du public lorsqu’il a rejoint Nelly Furtado sur scène au cours du concert WE Day de Toronto au Centre Air Canada en 2012. Ils ont chanté leur chanson Is Anybody Out There.

Photo de Michael Rajzman

Immigration in Turbulent Times

Immigrer en période turbulente

Bien qu’il vive actuellement à New York, K’Naan se rend souvent à Toronto pour voir sa famille. En 2017, le président Donald Trump a émis une interdiction de voyager qui défendait l’entrée aux États-Unis depuis plusieurs pays, notamment de la Somalie. On a alors conseillé à K’Naan de ne pas se rendre au Canada, par peur de ne pas pouvoir rentrer aux États-Unis. 

La même année, le compositeur Lin-Manuel Miranda a produit une nouvelle vidéo musicale pour la chanson Immigrants (We Get the Job Done) qui figure sur The Hamilton Mixtape, un album endisqué en 2016 qui rassemble des reprises des titres de la comédie musicale Hamilton interprétées par différents artistes. La pièce met en vedette K’Naan. M. Miranda voulait inclure des artistes qui pouvaient parler des expériences qu’ils ont vécues avec le racisme systémique.

Immigration in Turbulent Times

Regarde : Immigrants

Regarde le vidéoclip de la chanson « Immigrants » de K’Naan, Snow tha Product, Riz MC et Residente. La pièce compte aussi des échantillons de « Yorktown (The World Turned Upside Down) » de la production de Broadway Hamilton de Lin-Manuel Miranda. Le clip est une métaphore visuelle inspirée des paroles de la chanson. Il dépeint les expériences variées des nouveaux arrivants aux États-Unis. 

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Vidéoclip officiel pour Immigrants (We Get The Job Done) de K'naan avec Residente, Riz MC & Snow Tha Product.Remarque : Cette vidéo de tierce partie n’est pas sous-titrée.

Voir la transcription

[Un homme marche dans le couloir sombre d’un train. Il s’assoit dans une petite pièce et allume une radio. Dans une autre scène, de nombreuses personnes dans une autre section du train se regroupent aussi autour d’une radio. La caméra présente de nombreuses sections du train, dans lesquelles des personnes travaillent sur des machines à coudre et dans des cuisines. Le train se transforme en rame de métro de New York. Divers interprètes chantent dans différentes parties du train.]

[Entendu à la radio] Vous savez et ça touche tout le problème de la sécurité des frontières. Vous savez, qui va dire que les frontières sont protégées? La Chambre et le Sénat débattent de cette question. C’est vraiment étonnant que dans un pays fondé par des immigrants, le terme «immigrant » soit en quelque sorte devenu un gros mot. Ainsi, le débat fait rage et nous continuons...

[Le rap commence]

And just like that it's over, we tend to our wounded, we count our dead
Black and white soldiers wonder alike if this really means freedom
Not yet

I got one job, two job, three when I need them
I got five roommates in this one studio, but I never really see them
And we all came America trying to get a lap dance from Lady Freedom
But now Lady Liberty is acting like Hilary Banks with a pre-nup
Man, I was brave, sailing on graves
Don't think I didn't notice those tombstones disguised as waves
I'm no dummy, here is something funny, you can be an immigrant without risking your lives
Or crossing these borders with thrifty supplies
All you got to do is see the world with new eyes

Immigrants, we get the job done

Look how far I come
Look how far I come
Look how far I come
We get the job done

Look how far I come
Look how far I come
Look how far I come
Immigrants, we get the job done

It's a hard line when you're an import
Baby boy, it's hard times
When you ain't sent for
Racists feed the belly of the beast
With they pitchforks, rich chores
Done by the people that get ignored

Ya se armó
Ya se despertaron
It's a whole awakening
La alarma ya sonó hace rato
Los que quieren buscan
Pero nos apodan como vagos
We are the same ones
Hustling on every level
Ten los datos
Walk a mile in our shoes
Abróchense los zapatos

I been scoping ya dudes, ya'll ain't been working like I do
I'll outwork you, it hurts you
You claim I'm stealing jobs though
Peter Piper claimed he picked them, he just underpaid Pablo
But there ain't a paper trail when you living in the shadows
We're America's ghost writers, the credit's only borrowed
It's a matter of time before the checks all come
But

Immigrants, we get the job done

Look how far I come
Look how far I come
Look how far I come
We get the job done

Look how far I come
Look how far I come
Look how far I come
Immigrants, we get the job
Not yet

The credit is only borrowed
It's America's ghost writers, the credit's only borrowed
It's America's ghost writers
America's ghost writers
America's ghost writers, the credit's only borrow-borrowed
It's America's ghost writers, a credit is only borrowed
It's America's ghost writers, a credit is only borrowed
It's America's ghost writers, a credit is only borrowed
It's

Immigrants, we get the job done

Ay yo aye, immigrants we don't like that
Na they don't play British empire strikes back
They beating us like 808's and high hats
At our own game of invasion, but this ain't Iraq
Who these fugees what did they do for me
But contribute new dreams
Taxes and tools, swagger and food to eat
Cool, they flee war zones, but the problem ain't ours
Even if our bombs landed on them like the Mayflower
Buckingham Palace or Capitol Hill
Blood of my ancestors had that all built
It's the ink you print on your dollar bill, oil you spill
Thin red lines on the flag you hoist when you kill
But still we just say "look how far I come"
Hindustan, Pakistan, to London
To a galaxy far from their ignorance
'Cause

Immigrants, we get the job done

Por tierra o por agua
Identidad falsa
Brincamos muros o flotamos en balsas
La peleamos como Sandino en Nicaragua
Somos como las plantas que crecen sin agua
Sin pasaporte americano
Porque la mitad de gringolandia es terreno mexicano
Hay que ser bien hijo de puta
Nosotros les sembramos el árbol y ellos se comen la frutas
Somos los que cruzaron
Aquí vinimos a buscar el oro que nos robaron
Tenemos mas trucos que la policía secreta
Metimos la casa completa en una maleta
Con un pico, una pala
Y un rastrillo
Te construimos un castillo
Como es que dice el coro cabrón?

Immigrants, we get the job done

Look how far I come
Look how far I come
Look how far I come
We get the job done

Look how far I come
Look how far I come
Look how far I come
Immigrants, we get the job done

Look how far I come
Look how far I come
Look how far I come
Immigrants, we get the job done

Not yet

Explore a fond

Explore à fond

K'naan. When I Get Older: The Story Behind Wavin' Flag. Toronto: Tundra Books, 2012. 

Rima Berns-McGown. Muslims in the Diaspora: The Somali Communities of London and Toronto. Toronto: University of Toronto Press, 1999. 

From Mogadishu To Dixon: The Somali Diaspora in a Global Context. eds. Abdi M. Kusow and Stephanie R. Bjork. New Jersey: Red Sea Press, 2008.