Premier groupe à recevoir l’Ordre du Canada, Rush est né dans le sous-sol d’une maison de Willowdale, dans le nord de Toronto. Avec un son unique et grandiose, la musique de Rush allie les puissants riffs du rock dur à l’instrumentation variée du rock progressif et à la virtuosité du jazz.
Au cours d’une carrière qui s’étend sur quatre décennies, Rush a vendu plus de 40 millions d’albums et effectué des tournées dans le monde entier. Malgré ce succès, c'est à Toronto que le groupe s'est toujours senti chez lui.
Les débuts
à North York
En 1968, dans le sous-sol d’une maison de banlieue à North York, Alex Lifeson, 16 ans, a créé le groupe qui allait changer sa vie et celle de son meilleur ami. Rush a pris son envol avec Alex à la guitare, son voisin John Rutsey à la batterie et Jeff Jones à la basse.
Après leur premier concert ensemble dans un centre d’accueil local, Jeff Jones a cependant quitté le groupe. Apparemment, sa mère ne voulait pas qu’il traîne avec les membres de Rush. Alex Lifeson a alors demandé à son meilleur ami et camarade de classe Geddy Lee de rejoindre le groupe au chant et à la guitare basse.
Lieutenant Michael M. Dean, Ministère de la Défense nationale du Canada, Bibliothèque et Archives Canada, PA-129192
Des Canadiens de deuxième génération
Alex Lifeson et Geddy Lee sont tous deux des Canadiens de deuxième génération. Alex Lifeson est né Aleksandar Živojinović : ses parents avaient fui la Serbie en tant que réfugiés après la Seconde Guerre mondiale. Après s’être vu refuser l’entrée aux États-Unis, ils se sont rendus au Canada.
La famille de Geddy Lee a également fui la persécution. Ses parents sont des survivants de l’Holocauste qui se sont rencontrés dans un camp de travail en Pologne; ils ont déménagé au Canada dans les années 1940 après avoir été emprisonnés à Auschwitz.
Ayant grandi à Willowdale, Lee a souvent été taquiné à propos du fort accent polonais de sa mère, qui faisait que son nom de naissance, « Gary Lee », ressemblait à « Geddy Lee » pour ses camarades de classe et ses voisins. Le surnom est resté. À 16 ans, en l’honneur de sa mère, il a légalement fait changer son nom. Gary Lee Weinrib est ainsi devenu Geddy Lee Weinrib.
Un premier album autoproduit
Après quelques années à jouer dans des clubs et des salles de Toronto au début des années 1970, Rush a décidé qu’il était temps de faire un album. Sans maison de disques pour payer la note, le groupe a mis son argent en commun pour réserver des heures d’enregistrement en fin de soirée aux Eastern Sound Studios, le célèbre studio d’enregistrement de Yorkville qui avait produit des albums pour des artistes comme Bruce Cockburn et Cat Stevens.
Mécontents de la qualité, ils font une deuxième tentative aux Toronto Sound Studios, à East York. Rush a sorti son premier album éponyme sous sa propre maison de disque, Moon Records, au début de 1974. Peu après sa sortie, le batteur John Rutsey a quitté le groupe, remplacé par Neil Peart, qui est ensuite devenu un membre permanent de la formation.
La première tentative pour créer l’album s’est faite en huit heures après un concert. Nous étions dans l'énergie du spectacle, et c’est venu très facilement.
Le montage a ensuite été fait en novembre en trois jours environ, temps de mixage compris. Nous avons eu de la chance, car la plupart des chansons n’ont nécessité que deux ou trois prises
– Alex Lifeson, Rush, 1974
Écoute : Working Man
Le groupe avait seulement les moyens de produire quelques milliers d’exemplaires de son premier album, mais l’un d’entre eux s’est retrouvé entre les mains de Donna Halper, animatrice à la station de radio WMMS de Cleveland.
Elle a apprécié le son rock dur du groupe et a intégré la chanson « Working Man » à sa liste habituelle. Des représentants de Mercury Records ont alors entendu la chanson et ont proposé un contrat à Rush, rééditant ensuite leur premier album aux États-Unis.
C’est ainsi que Rush a conquis de nouveaux fans à l’international.
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Un succès de science-fiction
À la fin des années 1970, Rush a commencé à intégrer un aspect narratif à ses albums, agrémentant les histoires de ses chansons d’une instrumentation complexe. Son album 2112, paru en 1976, était son plus ambitieux jusqu’alors. L’album raconte une histoire de science-fiction, celle d’un monde sous le régime autoritaire de la « fédération solaire ». Alors que les arts et la culture sont soumis à une stricte surveillance de l’État, un jeune homme tente d’utiliser la musique pour sauver sa civilisation, mais il échoue.
Le groupe a enregistré l’album aux Toronto Sound Studios, après l’avoir écrit en tournée. Paru au printemps 1976, l’album est devenu une référence pour le groupe, attirant de nouveaux admirateurs et récoltant les éloges de la critique. L’album a été certifié platine au Canada, une première pour Rush. En 2018, 2112 a reçu le choix du public pour le prix du patrimoine au Prix de Musique Polaris.
La plus grande leçon que nous a donnée 2112, c’est qu’on peut s’améliorer sans compromettre sa véritable nature.
– Rob Hughes, auteur de musique
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Écoute : 2112
La chanson titre de l’album de Rush 2112 (1976) dure plus de 20 minutes! Ce long morceau, divisé en cinq actes semblables à ceux d’une pièce de théâtre ou d’un opéra, raconte l’histoire d’un homme qui recherche la liberté par la musique dans un monde autoritaire.
La créativité et l’indépendance dont Rush fait preuve dans cette chanson et cet album ont valu au groupe des éloges à l’international. 2112 reste l’un des albums les plus influents du groupe.
Avec l’aimable autorisation du Musée canadien de l’histoire et de Geddy Lee
Une guitare de rock progressif
Cette guitare électrique à double manche Rickenbacker 4080 est l’un des instruments les plus prisés de Geddy Lee.
Les sons de science-fiction que Rush a créés en studio sur 2112 auraient été autrefois impossibles à recréer sur scène. Toutefois, avec l’arrivée de nouveaux instruments de scène, comme les pédales pour basse et les synthétiseurs, Rush a pu présenter son album révolutionnaire en direct devant des milliers d’admirateurs.
Les guitares à double manche combinant une basse à six cordes et une guitare à six cordes sont l’instrument parfait pour un musicien de rock progressif polyvalent. Elles ont été utilisées par de nombreux groupes des années 1970, comme les Eagles, Genesis et, bien sûr, Rush.
Geddy Lee, le bassiste de Rush, a toujours été fasciné par les instruments de musique. À l’adolescence, il mettait son nez dans les vitrines des magasins de musique pour regarder les rangées de guitares. À partir de la fin des années 1970, il a commencé à acheter des guitares basses rares ou inhabituelles, qu’il utilisait souvent lors de ses spectacles avec le groupe.
Lorsque d’autres groupes nous citent comme une inspiration ou une influence, ils parlent le plus souvent [du thème de 2112]. Lorsque les membres d’un groupe mentionnent que nous les avons influencés, ils disent souvent qu’ils « sont de grands admirateurs de Rush parce que ce groupe y est parvenu seul, à sa façon, et que ça nous montre que nous pouvons faire la même chose. Si je persévère, je peux faire les choses à ma manière. »
— Alex Lifeson, Rush
En spectacle à Toronto
Pour promouvoir 2112, Rush a fait une tournée à travers les États-Unis et le Canada. Cette tournée était aussi pour eux une occasion de se produire dans certains des lieux les plus prestigieux de Toronto, comme le Maple Leaf Gardens et le Concert Hall, des salles dont ils rêvaient depuis longtemps.
La tournée pour leur album 2112, qui a connu un succès fou, a culminé par une série de trois concerts au Massey Hall en juin 1976, qui a permis au groupe d’enregistrer son premier album en concert, All the World’s A Stage.
En savoir plus à propos de En spectacle à TorontoSubdivisions
Puisque les principaux membres de Rush, Alex Lifeson, Geddy Lee et Neil Peart, étaient originaires de Toronto ou de ses environs, la ville a joué un rôle important dans de nombreuses chansons du groupe.
Par exemple, leur chanson « The Spirit of Radio », sortie en 1980, faisait référence à la station de radio CFNY de Toronto. Puis, sur l’album Moving Pictures, la chanson « YYZ » doit son titre au code de l’aéroport international Lester B. Pearson de Toronto.
En 1982, Rush a lancé l’album Signals, sur lequel figurait la chanson « Subdivisions ». Écrite par Neil Peart, le batteur de Rush, comme un commentaire sur la vie en banlieue, la chanson pourrait avoir évoqué ses expériences de jeunesse à Hagersville, une banlieue de Hamilton, en Ontario.
Regarde : Subdivisions
Cette chanson se veut un commentaire sur la vie en banlieue. Son vidéoclip associe les paroles à des images de quartiers et d’écoles secondaires de Scarborough ainsi qu’à des clips du centre-ville animé de Toronto au début des années 1980. Porte attention à l’utilisation abondante d’instruments électroniques dans la chanson. C’est l’une des tendances les plus durables des années 1980 qui a été adoptée par Rush au début de cette décennie.
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Regarde le vidéoclip de la chanson « Subdivisions », succès de Rush paru en 1981. Gracieuseté de Rush. Veuillez noter que cette vidéo de tiers ne fournit pas de sous-titres.
Voir la transcription♪Sprawling on the fringes of the city
In geometric order
An insulated border
In between the bright lights
And the far unlit unknown
Growing up it all seems so one-sided
Opinions all provided
The future pre-decided
Detached and subdivided
In the mass production zone
Nowhere is the dreamer
Or the misfit so alone
Subdivisions —
In the high school halls
In the shopping malls
Conform or be cast out
Subdivisions —
In the basement bars
In the backs of cars
Be cool or be cast out
Any escape might help to smooth
The unattractive truth
But the suburbs have no charms to soothe
The restless dreams of youth
Drawn like moths we drift into the city
The timeless old attraction
Cruising for the action
Lit up like a firefly
Just to feel the living night
Some will sell their dreams for small desires
Or lose the race to rats
Get caught in ticking traps
And start to dream of somewhere
To relax their restless flight
Somewhere out of a memory
Of lighted streets on quiet nights…♪
Les honneurs à Willowdale
Au fil des ans, le groupe a remporté de nombreux prix pour ses albums, ses prestations et ses vidéoclips. En 1994, Rush a été intronisé au Panthéon de la musique canadienne. Moins de dix ans plus tard, soit en 2013, le groupe a reçu le même honneur au Temple de la renommée du rock and roll.
La communauté de Willowdale, le quartier du nord de Toronto où Alex Lifeson et Geddy Lee ont créé le groupe, a reconnu ses héros en inaugurant un parc en l’honneur du groupe.
Ouvert en 2016, le Lee Lifeson Art Park célèbre le rôle de l’art et de la musique dans la communauté. Il comprend une petite scène extérieure, un amphithéâtre et des sculptures sonores interactives. Lors de l’inauguration du parc, le maire de Toronto, John Tory, a remis à Lifeson et à Lee les clés de la ville.
Avec l’aimable autorisation de la ville de Toronto
Le rock en héritage
Après plusieurs décennies à jouer ensemble, Rush s’est dissout en 2018. Cependant, le groupe continue à avoir des admirateurs dévoués dans le monde entier.
Le 7 janvier 2020, le batteur de Rush, Neil Peart, est décédé à 67 ans d’un glioblastome. Le lendemain de son décès, de nombreux hommages ont été rendus à son héritage musical, non seulement en tant que batteur du groupe, mais aussi en tant qu’auteur-compositeur de talent.
D ’abord et avant tout, ses paroles incitaient les gens à réfléchir; les admirateurs de Rush étaient des libéraux, des conservateurs, des croyants ou des athées.
Cependant, ils étaient tous unis par leur respect pour le groupe et leur admiration pour la façon dont Neil pouvait mettre leurs expériences en mots ou leur donner une nouvelle façon d’examiner une question.
– Donna Halper, ancienne animatrice de radio, à qui l’on attribue les débuts du groupe à la radio américaine, 2020
Explore à fond
David Calcano, Lindsay Lee. Rush: The Making of A Farewell to Kings: The Graphic Novel. Illustré par Juan Riera et Ittai Manero. Toluca Lake, California: Fantoons, 2019.
Geddy Lee. Geddy Lee’s Big Beautiful Book of Bass. New York: Harper Collins, 2018.
Martin Popoff. Contents Under Pressure: 30 Years of Rush at Home and Away. Toronto: ECW Press, 2004.
(Image principale par Patrick Harbron)