Introduction

Ce qui rend la Horseshoe Tavern légendaire, c’est ses divers genres musicaux reflétant les scènes musicales en évolution de Toronto.

Que ce soit pour de la musique country, folk, rock and roll, punk, grunge et new-wave, ou encore indépendante et alternative, la Horseshoe est une pierre angulaire du centre-ville de Toronto depuis plus de 70 ans au 370, rue Queen Ouest, un lieu pour écouter les derniers et plus grands groupes.   

Une photographie en noir et blanc montrant une scène de rue. En haut de la photo, il est écrit « (Geog)- CAN-Toronto-Streets-Queen-Spadina ». La photo reflète les années 1920 à Toronto. L’objectif est tourné vers le nord, le long d’une artère animée divisée par une rangée d’arbres au milieu. De vieilles voitures passent et d’autres sont stationnées sur le côté de l’artère.

L’ancienne forge, aujourd’hui connue sous le nom de Horseshoe Tavern, occupe l’espace près du carrefour de la rue Queen Ouest et de l’avenue Spadina depuis plus de 150 ans. On pense que le bâtiment date des années 1860. Cette scène de rue animée, orientée vers le nord le long de l’avenue Spadina, croisée par la rue Queen Ouest, remonte à environ 1926.

Avec l’aimable autorisation des Archives de la ville de Toronto, fonds 1244, série 244, article 7338

Débuts
Un couple danse sur un plancher en damier pendant qu’un groupe joue sur scène. Il porte des vêtements du style des années 1950, y compris une jupe à motifs de caniches et un cardigan.

Des danseurs des années 1980 rendent hommage à la musique comme celle qui sortait des haut-parleurs à la Tavern dans les années 1950. Durant les années 1980, la Horseshoe Tavern a été transformée temporairement en une boîte de nuit du style des années 1950, connue sous le nom de « Stagger Lee’s ». Le motif en damier noir et blanc sur le sol remonte à cette phase des années 1980 de la vie de la Tavern.

Photo de Mike Slaughter, avec l’aimable autorisation du Toronto Star, 1983

Débuts

À la fin des années 1940, Jack Starr a acheté l’ancienne forge sur la rue Queen Ouest et il y a ouvert la Horseshoe Tavern le 9 décembre 1947. Ironiquement, Starr ne connaissait possiblement pas l’histoire de la forge dans le bâtiment lorsqu’il a choisi le nom « Horseshoe » (fer à cheval, en français). Peut-être espérait-il simplement que cela porterait chance à l’entreprise.  

La nouvelle entreprise de Starr a gagné en popularité en tant que restaurant avec service aux tables où l’on jouait de la musique country et rockabilly. Au milieu des années 1950, Starr a transformé l’établissement en une salle de concert de 500 places. Ce lieu était connu comme Nashville North et de nombreux admirateurs de musique country sont venus de l’extérieur de Toronto, et même, des États-Unis, pour y voir jouer des artistes comme Marvin Rainwater. Rainwater, originaire du Kansas, y a chanté des chansons comme « Gonna Find Me A Bluebird », évoquant des images de sa terre natale de cowboy des prairies.

Écoute : Stompin’ Tom Connors
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Écoute : Stompin’ Tom Connors

La légende de la musique country de la côte est, Stompin’ Tom Connors (1936–2013), est devenue un nom connu à la Horseshoe Tavern. Il détient le record du plus grand nombre de spectacles consécutifs à guichets fermés.

À la hauteur de son nom, Stompin’ Tom apportait avec lui un morceau de contreplaqué qu’il piétinait au rythme de la musique au lieu de faire des bosses sur la scène. Il a enregistré un album en direct à la Horseshoe Tavern en 1971 et un documentaire de musique, This is Stompin’ Tom, en 1972.

Horseshoe Hotel

Come all you big drinkers, and sit yourself down
The Horseshoe Tavern waiters will bring on the rounds
There’s songs to be sung
And stories to tell.

— Stompin’ Tom Connors, « Horseshoe Hotel Song »
Voir la traduction

Vous, les gros buveurs, venez vous asseoir
Les serveurs de la Horseshoe Tavern vous apporteront les tournées
Il y a des chansons à chanter
Et des histoires à raconter.

The Garys

Une nouvelle vague

Un titre d'une chronique du Toronto Star de 1978 qui se lit comme suit: «L'image change du club de fer à cheval de la musique country»
​Le critique musical Peter Goddard a annoncé que la Horseshoe Tavern changeait de style en passant du country au punk.
Toronto Star, 20 février 1978

Un changement de propriétaire à la Horseshoe Tavern dans les années 1970 s’est traduit par un changement de musique. Adieu, musique country, bienvenue, musique punk.

Gary Cormier et Gary Topp (connus comme les Garys) ont repris la programmation de la musique pour la Horseshoe Tavern en 1978, abandonnant ainsi l’image de la musique country de l’établissement. Ils ont commencé à engager des groupes de rock progressif, de new-wave et de punk de la relève venant du Canada, des États-Unis et de la Grande-Bretagne pour la Horseshoe Tavern, amenant une foule nouvelle et très différente d’amateurs de musique.

Les Garys ont apporté un nouveau son à l’établissement, faisant monter sur scène le groupe The Police, encore inconnu à l’époque, qui a fait ses débuts en Amérique du Nord en novembre 1978. Cependant, après seulement huit mois en poste, on a prié les Garys de s’en aller. Le duo avait organisé The Last Pogo, une soirée punk sur deux jours mettant en vedette Teenage Head, les Viletones, les Mods, les Secrets et les Cardboard Brains. Le nom de la fête rendait hommage au dernier concert de The Band dans le film de 1978, « The Last Waltz », de Martin Scorsese. 

Une chronique du journal Globe and Mail intitulée "La nuit où le punk était ker-plunk". Le titre est superposé sur une image en noir et blanc de deux jeunes hommes, l'un assis, l'autre debout
​Huit mois à peine après la transition vers la musique new-wave et punk à la Horseshoe Tavern, les responsables des engagements, Gary Cormier et Gary Topp, ont été priés de s’en aller.
The Globe and Mail, 2 décembre 1978
Un nouveau cap
Une affiche dessinée à la main en brun et en noir pour une représentation musicale mettant en vedette Leroy Sibbles au BamBoo Club. L’affiche présente le visage dessiné à la main d’un homme qui regarde vers la gauche. En dessous, on peut lire « Leroy Sibbles », ainsi que les détails relatifs au spectacle en alternance avec des lignes diagonales noires.

Une affiche du musicien de reggae canado-jamaïcain Leroy Sibbles jouant au BamBoo Club au 312, rue Queen Ouest, à quelques pas de la Horseshoe Tavern.

Avec l’aimable autorisation de Patti Habib

Un nouveau cap

Après les tentatives infructueuses de plusieurs propriétaires dans le but de revenir aux sources avec la musique country, la Horseshoe Tavern a temporairement fermé. En 1983, avec l’espace réduit de moitié, les nouveaux propriétaires, Kenny Sprackman, Richard Kruk et X-Ray MacRae, ont redonné vie à l’établissement Horseshoe en se concentrant sur des groupes de rock canadiens.

Ce changement était concomitant à une redynamisation le long de la rue Queen Ouest, remplie d’une nouvelle énergie et rassemblant des personnes créatives issues de divers milieux culturels, artistiques et musicaux.

Les concerts de musique sur la rue Queen ont atteint un nouveau sommet avec la venue de plusieurs établissements dans le quartier, y compris Cameron House (ouvert en 1981), le Rivoli (1982) et le BamBoo (1983).

Écoute : Programmation de la Horseshoe

Écoute : Programmation de la Horseshoe

Écoute Yvonne Matsell, agente artistique principale à Toronto et reine de la rue Queen, parler de son travail dans les établissements Ultrasound Showbar et Horseshoe Tavern.

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Enregistré pour Heritage Toronto, 2019.

Voir la transcription

YVONNE MATSELL: Bonjour, je m’appelle Yvonne Matsell, je suis agente artistique pour de nombreuses boîtes de nuit à Toronto et j’ai participé à de nombreux spectacles au Canada.

La Horseshoe Tavern, d’accord. Quand j’étais à Ultrasound, Richard s’était associé avec trois partenaires, X-ray Kenny Spackman et Richard, et ils avaient divers degrés de participation dans les deux boîtes de nuit. Je réussissais tellement bien à Ultrasound.

Et, une fois encore, c’était une petite salle, mais je restais à l’écoute pour savoir quels groupes étaient soudainement devenus les chouchous de la presse à Toronto. J’ai constaté que, une fois, Kenny était venu me voir et m’avait dit qu’il y avait un article dans le Star, ce sont les 10 meilleurs groupes à Toronto, et tu réserves huit d’entre eux.

Il avait donc compris que je savais ce que je faisais. [rires] Je suis modeste ici. Il avait juste l’impression que le Horseshoe était un peu stagnant. C’était les mêmes groupes qui jouaient et ce n’était pas une scène très passionnante pour eux.

Il voulait que je commence à m’occuper de la programmation au Horseshoe aussi. Alors, en fait, je me suis occupée de la programmation des deux établissements pendant quelques années et j’ai réussi à décrocher le titre de meilleure boîte de nuit à Toronto pour le Horseshoe grâce aux artistes engagés. Ensuite, les maisons de disques ont commencé à me contacter... Concrete Blonde a joué ici. C’était un groupe connu à l’époque.

Des choses vraiment cool se sont produites dans ces endroits. Ainsi, j’ai pu former un groupe à Ultrasound. Et, quand le groupe devenait trop connu, je le déplaçais simplement au Horseshoe. C’était vraiment un bon processus. Les groupes pouvaient rester là-bas. Le groupe s’appelait les XL Boys, parce que ses membres portaient des vêtements de taille TG. C’est resté entre leurs mains, en gros.

Blue Rodeo
Une photo en noir et blanc d’un homme portant un débardeur blanc qui chante dans un micro tout en jouant de la guitare électrique. Derrière lui, un homme est assis devant des amplis et des haut-parleurs et joue aussi de la guitare.

Jim Cuddy et Greg Keeler jouent à la Horseshoe Tavern en 1986.

Avec l’aimable autorisation de Blue Rodeo Productions

Blue Rodeo

Un excellent concert peut signifier la réussite d’un groupe. Il suffit de demander à Jim Cuddy et à Greg Keelor de Blue Rodeo. Le groupe venait de jouer au Horseshoe un soir et John Caton l’a approché en lui demandait s’il avait un imprésario. Blasé par ses mauvaises expériences avec l’industrie de la musique et un voyage avorté à New York, Blue Rodeo n’était pas intéressé. Caton n’a pas renoncé.

Pour convaincre le groupe qu’il pourrait le propulser au rang de vedette du rock, Caton a appelé toutes les personnes qu’il connaissait dans l’industrie de la musique pour les inviter au Horseshoe afin qu’elles viennent écouter jouer la prochaine révélation. Le groupe est monté sur scène pour son concert suivant devant une salle comble de 250 personnes, dont la plupart étaient issues de l’industrie de la musique. 

Caton avait fait son travail et le groupe a signé un contrat de gestion avec lui peu de temps après. Après plusieurs prix JUNO, y compris Groupe de l’année, tout le monde s’accordait à dire que c’était une décision plutôt bonne.

GrewUp

L’histoire de la Horseshoe Tavern est dans une certaine mesure celle de la manière dont Toronto a grandi. (…) Peu de villes dans le monde peuvent se vanter d’avoir une scène qui a encouragé autant d’artistes internationaux et locaux.

— Jim Cuddy, avant-propos du livre « The Legendary Horseshoe Tavern », 2017
Bobcaygen

Écoute : Bobcaygeon

Le motif en damier du plancher de la Horseshoe Tavern est mis en vedette dans les paroles de chanson de l’un des groupes les plus célèbres au Canada, The Tragically Hip. Leur chanson de l’année, « Bobcaygeon », lauréate du prix Juno, raconte l’histoire d’un agent de police qui revient à Toronto à l’époque de l’émeute Christie Pits, en 1933.

Cet événement de 1933 est une pierre angulaire dans l’histoire des relations raciales à Toronto, où les communautés italienne et juive ont protesté contre les perceptions racistes et antisémites dans un parc public.

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Bobcaygen Quote

...That night in Toronto, with its checkerboard floors
Riding on horseback, keeping order restored
Til the men they couldn't hang
Stepped to the mic and sang
And their voices rang with that Aryan twang.

— The Tragically Hip, « Bobcaygeon »
Voir la traduction

... Cette nuit-là à Toronto, avec ses planchers en damier
À dos de cheval, en maintenant l’ordre rétabli
Jusqu’aux hommes qu’ils n’ont pas pu pendre
Ils ont marché jusqu’au micro et ont chanté
Et leurs voix ont résonné avec cet accent aryen.

Écoute : Photographier la Horseshoe Tavern

Écoute : Photographier la Horseshoe Tavern

Écoute Ryan Bolton, un photographe professionnel primé, évoquer la façon dont son amour pour la musique l’a inspiré à devenir un photographe de musique, ainsi que sa capacité à saisir l’énergie et l’esprit des groupes à divers emplacements, y compris la Horseshoe Tavern.

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Photos de Ryan Bolton. Enregistré pour Heritage Toronto, 2019.

Voir la transcription

Ryan Bolton : Bonjour, je m’appelle Ryan Bolton et je suis photographe, ici, à Toronto.                           Parmi mes souvenirs préférés… l’un d’eux remonte en fait à la Horseshoe Tavern, ici, à Toronto. Je me rends dans cet établissement depuis des années et j’ai eu l’occasion – en fait, je faisais des photos pour North by Northeast et c’était il y a des années avec BlogTO. Et... nous venions juste, ma femme et moi, nous venions juste de voir… Flaming Lips donner un concert au Yonge-Dundas Square.

C’est un concert gratuit et il semblait… Wayne Coyne a marché dans la foule sur le globe géant et, bon, toutes les balles volaient, tout ça. Mais nous venions de découvrir que ce concert avait lieu, c’était un concert secret, mais on savait alors que les Lumineers jouaient à la Horseshoe Tavern et je me souviens que nous avons traversé la ville à vélo aussi vite que nous le pouvions et nous avons vu cette immense queue, au coin, qui commençait à la Horseshoe Tavern, passait devant la CIBC et remontait jusque sur Spadina. Cette fois-là, j’étais vraiment fier d’avoir un laissez-passer de presse parce que nous avons… et c’est alors que les Lumineers sont sortis et ils venaient juste de sortir leur premier album et la foule était incontrôlable.

Je me souviens juste de cette salle bondée et du nombre de fois que je voyais maintenant un Horseshoe rempli avec, vous savez, un autre de ces groupes que tout le monde va, oh mon Dieu, les Rolling Stones ont joué ici, vous savez? Vous savez, un de ces moments où c'est comme si vous pouviez ressentir… vous vous sentez… et la sueur est partout et vous connaissez l'odeur mais ça… juste l'énergie de cette pièce est, vous savez, il est impossible de recréer et puis encore plus récemment en fait… l'un de mes groupes préférés est Wolf Parade qui est en fait de Montréal. Et ce magazine, je ne vais pas vraiment mentionner leur nom parce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir l’interview pour exécuter la pièce, mais j’ai eu l’opportunité de photographier Wolf Parade au Horseshoe. Comme le Horseshoe vient de l'ouvrir pour nous. Alors mon ami et moi sommes entrés. Nous l'avons allumé et, vous savez, nous sommes allés dans la salle verte et… et c'était une des choses à faire correspondre, vous savez, l'énergie du groupe comme Wolf Parade avec comme l'énergie du chambre verte. Ça, vous savez, c'est une sorte de pièce noire graffitée dans le, vous savez, le sous-sol du Horseshoe.

Juste à ce moment-là, pouvoir les photographier et ces photographies, vous savez, n'ont pas été publiées, mais j'adore ces photographies et c'était une opportunité pour moi juste de savoir travailler avec un grand groupe et un endroit emblématique de Toronto.

Le « Shoe » aujourd’hui

Le « Shoe » aujourd’hui

Le Horseshoe continue à « faire partie des meubles dans le paysage musical du Canada » et demeure un bar favori pour les locaux et les visiteurs du monde entier pour assister aux derniers spectacles de musique.

Les propriétaires actuels, Jeff Cohen et Craig Laskey, ont modernisé l’emplacement une fois de plus, changeant aussi bien l’intérieur que la structure de l’entreprise tout en continuant d’encourager la musique pour, par et à Toronto.

Les planchers en damier subsistent.

A Beacon

La Horseshoe Tavern est un guide pour les passionnés de musique, un lieu de pèlerinage pour ceux qui aiment et qui comprennent son importance dans le cadre du riche paysage musical de Toronto.

— David McPherson, NOW Magazine, 11 mai 2017
Explore à fond

Explore à fond

David McPherson. The Legendary Horseshoe Tavern. Avant-propos de Jim Cuddy. Toronto : Dundurn Press, 2018 (livre).