Introduction

Ardent défenseur des musiciens noirs et des droits des Noirs, Archie Alleyne (1933–2015) est reconnu comme l’un des meilleurs batteurs et artistes de jazz du Canada.

L'un des premiers batteurs noirs entendus dans les clubs de la rue Yonge à Toronto dans les années 1950 et 1960, Alleyne a combattu le racisme et la discrimination systémiques tout au long de sa carrière. Musicienne et militante de toujours, Alleyne a été nommée Membre de l'Ordre du Canada en 2012, trois ans seulement avant sa mort.

Ses premières années

Un enfant de Kensington Market

Né pendant la Grande Dépression en 1933, Archibald Alexander Alleyne a grandi à Kensington Market, un quartier densément peuplé où vivaient de nombreuses familles juives et des membres de la petite communauté noire de Toronto. Selon le recensement effectué deux ans plus tôt, seuls 2 Ontariens sur 1 000 étaient Noirs à cette époque.

Le père d’ Archie était porteur de bagages pour les chemins de fer, une occupation courante pour les hommes noirs. L’une des premières expériences musicales d’Archie a consisté à prendre la balayette de son père et à la gratter sur une couverture de magazine, puis à essayer de nouveaux rythmes en tapant avec deux bâtons. D’abord autodidacte, il remplace bientôt ces instruments de fortune par une caisse claire et une cymbale suspendue, puis commence à se produire dans les sous-sols des églises et des centres communautaires.

Un homme aux cheveux bouclés, portant des lunettes et une moustache, regarde la caméra.

Archie Alleyne en 1983, année où il a protesté contre les pratiques de financement discriminatoires du Conseil des arts du Canada.

Photo de Boris Spremo, diffusée avec l’aimable autorisation des archives photographiques du Toronto Star

Without the past...

Sans le passé, il n’y a pas d’avenir.

— Archie Alleyne
Franchir les obstacles

Franchir les obstacles

Le succès a été rapide, mais les obstacles sociaux et culturels aussi. Dans les années 1940, les artistes noirs n’étaient pas invités à jouer dans les clubs populaires du centre-ville de Toronto.  

À la fin de cette décennie, le musicien de swing Cy McLean et son groupe les Rhythm Rompers étaient parmi les rares musiciens noirs à être engagés pour jouer dans des salles de la rue Yonge, comme la Colonial Tavern.

Votre rendez-vous avec le plaisir
 Publicité du journal Toronto Star annonçant le spectacle d’un groupe de jazz dans un bar de la rue Yonge. Dessin d’un homme et d’un haut-de-forme dans le coin supérieur gauche.

Une publicité du Toronto Star annonçant le spectacle de Cy McLean et les Rhythm Rompers au Colonial. Toronto Star, le 22 avril 1947

 Un groupe joue sur scène. Il y a trois joueurs de cuivre au premier rang. La deuxième rangée compte quatre musiciens, trois jouant des cuivres et un jouant un instrument à cordes. Sur la scène, il y a un pianiste, un contrebassiste et un batteur.

Cy McLean et les Rhythm Rompers en concert au Colonial, vers 1947. Avec l’aimable autorisation de Clara Thomas Archives and Special Collection, Archie Alleyne Fonds

Le racisme dans le monde du jazz à Toronto

Regarde : Racisme dans le monde du jazz à Toronto

Batteur résident à la Town Tavern et à la Colonial Tavern pendant plusieurs années, Archie Alleyne était l'un des rares musiciens noirs à jouer sur Yonge Street. Il parle du temps où il n'a pas été embauché pour un emploi en raison de sa race, de ce que c'était que d'être un artiste noir sur Yonge Street, ainsi que de l'héritage laissé par d'anciens musiciens noirs à Toronto, comme Cy McLean.

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Tiré de « Tuning Up » , concert et table ronde du Mois de l'histoire des Noirs de Heritage Toronto 2014. Enregistré pour Heritage Toronto.

Voir la transcription

(Le panel siège devant le public dans la grande salle du St. Lawrence Hall. Archie Alleyne parle dans un micro pendant que les trois autres panélistes et le modérateur, Eroll Nazareth, écoutent. On voit en alternance des gros plans d’Archie Alleyne et des plans larges montrant tout le panel.)

[Applaudissements]

Archie Alleyne : Franchement, il y avait beaucoup de préjugés, beaucoup de discrimination. J’étais l’un des premiers musiciens noirs à infiltrer... --

Errol Nazareth : J’aime beaucoup ce mot. Dites-le encore.

Archie : À infiltrer l’establishment blanc. J’ai été batteur résident à la Town Tavern et à la Colonial Tavern pendant 13 ans. Mais avant cela, il n’y avait aucun musicien noir dans les clubs de la rue Yonge. Le premier musicien à franchir cette barrière a été Cy McLean, qui venait de Nouvelle-Écosse. Il est allé à la Colonial Tavern en 1947, et après cela, de part et d’autre de la rue Yonge, il y a eu un certain nombre de clubs, allant de la rue Bloor jusqu’à la rue Queen. Beaucoup de clubs, le Zanzibar et plein d’autres.

Et bien sûr, les Blackburn prenaient le relais. C’est là que la scène du R&B a commencé, vous savez. La scène du jazz, ce n’était pas facile. J’ai eu plein de... Je me faisais appeler par beaucoup d’autres noms que celui que ma mère m’avait donné. Il n’y en avait pas beaucoup. Une grande partie de la communauté noire ne venait pas dans les clubs, car elle ne s’y sentait pas la bienvenue.

C’est dommage, mais c’est la réalité. Mais voilà... Nous avions nos propres clubs au sein de nos communautés, comme Spadina and Dundas. Je suis né sur la rue Queen, à côté de l’hôtel Cameron, dans le bâtiment qui s’y trouve. Je connais donc assez bien le quartier, Kensington Market était mon terrain de jeu. J’y retourne toujours, et mes filles y sont. Elles vivent encore là-bas. Donc, j’ai fait le saut, comme on dit. J’ai quitté la région de Spadina-Dundas parce que je voulais être musicien et gagner ma vie en tant que musicien, et pour cela j’ai dû faire la transition de Spadina et Dundas à Avenue Road et Bloor, où les boîtes de nuit ont commencé. J’ai donc commencé à infiltrer les boîtes de nuit et tout ça et j’ai continué.

Cela faisait partie de ma formation. C’est ainsi que j’ai appris à jouer. Cela n’a pas toujours été facile, mais finalement... Cy McLean et les membres de son groupe ont été les premiers à être admis dans l’Association des musiciens de Toronto. À l’époque, aucun Noir n’était admis dans l’association.

Errol : Wow.

Archie : Et ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils ont rendu les frais si élevés que personne ne pouvait se les permettre, ou alors il fallait passer un test de lecture de musique. Et ce n'était pas tous les musiciens qui savaient lire la musique. Laissez-moi vous raconter une histoire sur les questions raciales. J’avais un ami qui s’appelait Mort Ross. Il était saxophoniste. Il était Juif.

Et il m’a dit : « Arch, il y a une annonce dans le journal ici. » C’était pour un contrat d’été. Les contrats d’été constituaient une grande partie du gagne-pain des musiciens. On partait tout l’été dans un centre de villégiature, on était payé, on mangeait, on dormait et on s’amusait bien. Alors il m’a dit : « Ce type veut un batteur et un saxophoniste. Allons passer une audition! » Alors, nous avons appelé le gars, nous avons fait l’audition, puis nous sommes repartis. Mort m’a appelé environ deux heures plus tard et m’a dit : « Archie, j’ai eu le contrat! » « Mais le gars a un peu peur de t’emmener à Muskoka.

Il craint que les gens n’acceptent pas un Noir là-bas. » J’ai dit : « Eh bien, c’est correct. Je vais appeler le syndicat, et je vais le dénoncer. » J’ai donc appelé le syndicat. Norm Harris était le secrétaire. Le président était Walter Murdoch, qui était plutôt raciste à l’époque.

Mais quand je suis allé voir Norm Harris, il a appelé le type qui avait mis l’annonce dans le journal, nous a fait asseoir tous les deux et a tout de suite dit : « Pourquoi ne peux-tu pas emmener Archie là-bas? » « Je ne sais pas s’ils vont accepter un musicien noir là-bas. » Il a dit : « Laisse-moi te dire une chose. Si Archie n’y va pas, oublie ce contrat. Personne n’y va. Je vais l’annuler.» Alors il m’a demandé : « Archie, veux-tu y aller? » Et j’ai répondu : « Non! On vient de me proposer un autre emploi, à Muskoka, à un kilomètre de là, pour deux mois.

C’est avec Graham Poppy, l’un des meilleurs trompettistes de la ville, donc je pense que je vais accepter cette offre-là. » Et j’ai fait cela pendant trois étés. Ce n’est qu’un incident parmi tant d’autres.

[Applaudissements]

La Town Tavern
 Deux personnes marchent sur un trottoir devant une façade de bâtiment urbain. Au centre, il y a une entrée avec un panneau indiquant « Town Tavern ».  La photo montre un immeuble contemporain gris accueillant un magasin de journaux ainsi que le trottoir devant la façade. On retrouve des plantes aux couleurs d’automne à la droite du magasin. En premier plan, il y a un lampadaire avec un panneau indiquant « Maximum 40 ».

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La Town Tavern, rue Queen Est, dans les années 1950 et au même endroit aujourd'hui.

Avec l’aimable autorisation du fonds du Toronto Telegram de Clara Thomas Archives & Special Collections (bibliothèques de l’Université York)

Photo de Vik Pahwa, 2019

La Town Tavern

Archie Alleyne a suivi les traces de légendes du swing et du jazz comme Cy McLean, devenant le batteur résident de la Town Tavern et du Coq D’Or sur la rue Yonge, destination animée des années 1950 et 1960.  

Tout comme les cafés de Yorkville, de nombreux clubs de la rue Yonge étaient si proches les uns des autres que l’on pouvait, entre deux spectacles, aller écouter un autre groupe jouer dans une taverne voisine. Beaucoup de ces salles du centre-ville ont ensuite fermé leurs portes avant les années 1980, remplacées par d’autres magasins et restaurants. 

Town Tavern

À son ouverture en 1949, la Town Tavern était un cabaret. Puis, en 1955, son propriétaire Sam Berger l’a transformée en salle de jazz, suivant la recommandation du célèbre pianiste canadien Oscar Peterson.

Connu pour ses talents d’improvisation, qu’il a perfectionnés grâce au swing et au bebop, Archie est devenu un batteur de premier plan. Il a accompagné des légendes du jazz en tournée internationale, dont la célèbre chanteuse Billie Holiday, le saxophoniste Ben Webster, le trompettiste Chet Baker, la chanteuse Nina Simone et des centaines d’autres musiciens de jazz.

Une femme en robe bustier chante dans un micro sur scène. Un homme joue de la batterie derrière elle.

Archie Alleyne accompagne Billie Holiday à la Town Tavern, le 10 août 1957.

Photo d’Erik Christensen, avec l’aimable autorisation de la succession de l’artiste

Écoute : For You, E.

Écoute : For You, E.

Ce que j’essaie de faire, c’est de prendre le jazz que nous jouons et de lui donner un caractère plus sophistiqué, de le sortir du sous-sol et de le présenter au public...

J’aimerais que les gens dansent sur notre musique au lieu de rester assis les yeux fermés, à claquer des doigts.

— Archie Alleyne

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La Underground Railroad Tavern
Deux hommes sont debout à l’extérieur d’un restaurant. Ils tiennent un morceau de papier et le regardent intensément. Les deux hommes ont les cheveux bouclés. L’un porte une moustache. L’autre a une barbe fournie.

Archie Alleyne (à gauche) et un ami devant le Underground Railroad Soul Food Restaurant, Toronto, 1973.

Photo de Jeff Goode, avec l’aimable autorisation des archives photographiques du Toronto Star.

La Underground Railroad Tavern

En 1967, Archie a dû interrompre sa carrière musicale à la suite d’un grave accident de voiture. Avec trois amis, il a ouvert la Underground Railroad Tavern, un restaurant de cuisine Soul Food qui servait de la nourriture du Sud des États-Unis et présentait des spectacles de jazz.

Ce restaurant était considéré comme le premier en son genre à Toronto.

quote

Notre objectif, c’est de donner plus de couleur à Toronto.

— Howard Matthews, copropriétaire du Underground Railroad Tavern, 1969.
Kollage

Regarde : Archie et le groupe Kollage

Regarde Archie Alleyne parler de son dernier ensemble, Kollage, qu'il a formé en 2001. Avant sa mort en 2015, le groupe a donné concerts réguliers au Rex, une salle de jazz de premier plan sur la rue Queen Ouest à Toronto. Comme il le dit, « l’important, ce n’est pas ce que l’on joue, mais bien comment on le joue. » 

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Gracieuseté de Fairfield Films.

Voir la transcription

(Gros plan sur Archie Alleyne qui parle. Un diaporama de photos d’archives de son groupe en concert. Retour au gros plan d’Alleyne. Des photos de panneaux du Rex Jazz and Blues Bar. L’intérieur du Rex, où des personnes socialisent dans le bar. L’extérieur du Rex. Retour au gros plan d’Alleyne. Des photos du groupe en concert. Retour au gros plan d’Alleyne. De la musique jazz accompagne un montage de photos présentant l’intérieur du Rex et le groupe Kollage en pleine prestation. Le tout est conclu par des applaudissements. La vidéo se conclut par un fondu, suivi du logo de Fairfield Films.)

Archie Alleyne : « L’important, ce n’est pas ce que l’on joue, mais bien comment on le joue. Nous sommes l’un des groupes les plus énergiques en ville. Nous y avons mis beaucoup d’énergie. Nous ne nous asseyons pas sur scène pour lire des partitions. Nous apprenons les airs, et nous essayons de les jouer de mémoire.

Et la moitié du temps avec Dougie, ça nous prend un micro mobile parce qu’il n’arrête pas de bouger. Et le reste du groupe aussi. Personne n’est planté là comme un mannequin. Il y a beaucoup d’énergie mise dans le groupe, c’est ce qui rend la musique si passionnante.

Une chance qu’il y a le Rex et Tom et Bob Ross, car ils donnent à tous les jeunes musiciens la possibilité de s’exprimer et d’improviser sur leurs instruments. Dougie est revenu de Los Angeles. Il était à Chicago depuis plusieurs années. Il a dû quitter Toronto parce qu’il n’y avait pas assez de travail pour lui.

Mais il est revenu et a dit : « Nous devons monter un groupe. Et nous devons monter un groupe noir, parce qu’il n’y en a pas assez par ici. Il y en a, mais ils n’ont pas de travail. » Alors, j’ai commencé ma quête. Je suis allé au Humber College et j’ai trouvé de jeunes musiciens noirs. Mon premier pianiste était Michael Shan de l’Université York, qui est maintenant avec Matt Dusk. Il est son directeur musical maintenant avec un autre jeune, Larnell Lewis, qui est un batteur fantastique.

J’ai donc continué à chercher des musiciens noirs, à promouvoir le groupe et à représenter ma communauté, en gros parce que les origines du jazz se trouvent dans la communauté noire, et que nous avions donc besoin de représenter cette communauté pour jouer cette musique. C’est comme ça qu’on a commencé.

Activisme et mentorat
Un homme chauve à lunettes joue de la batterie.

Archie Alleyne jouant de la batterie en 2011.

Photo de Greg Gooding

Activisme et mentorat

Activiste de la scène musicale torontoise, Archie a fait pression pour les droits des musiciens noirs et a interpellé le Conseil des arts du Canada en 1982 lorsque celui-ci a exclu les musiciens de jazz de son financement. Deux ans plus tard, il a mené une campagne considérable pour que des musiciens noirs soient invités au Festival de jazz de Toronto.

Au début du millénaire, Archie a cofondé deux ensembles de jazz : Evolution of Jazz, un ensemble de neuf musiciens dans lequel il a encadré de jeunes diplômés, et Kollage, un ensemble de six musiciens qui s’est concentré sur le style hard bop des années 1950. Ce dernier est devenu l’un des groupes de jazz les plus actifs du pays.

Depuis 2003, le fonds de bourses d’études Archie Alleyne a accordé 73 bourses pour soutenir des artistes de jazz émergents. En reconnaissance de sa contribution au patrimoine du jazz canadien et de son engagement dans le mentorat des jeunes, il a été fait Membre de l’Ordre du Canada. Archie a continué à s’engager sur la scène musicale de Toronto jusqu’à son décès, en 2015.

Brooke Blackburn nous parle d’Archie

Écoute : L’héritage d’Archie Alleyne

Écoute Brooke Blackburn, un autre musicien de jazz, parler des difficultés, du racisme et de la discrimination que les musiciens noirs ont connus à Toronto au cours des 65 dernières années.

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Enregistré pour Heritage Toronto, 2019.

Voir la transcription

Brooke Blackburn: Cy McLean avait un très grand groupe, et Archie était, je crois, l’un des premiers artistes noirs autorisés à jouer dans certains clubs de la ville, selon ce que mon père m’a raconté... Je connaissais Archie et... on ne pourra jamais vraiment comprendre à quel point ces gens ont été importants pour les musiciens noirs de Toronto. 

J’ai entendu et j’entends encore des histoires, vous savez, de mon père et de mes amis... ou des amis de mon père qui ont grandi en jouant en ville dans les années 1950 et 1960 et avec qui j’ai commencé à jouer dans les années 1970.

C’est un impact énorme. Donc en ce qui concerne l’aspect racial, ils nous ont littéralement ouvert les portes parce qu’il y avait une véritable barrière de couleur, peu importe ce que tout le monde pense. Et il y a toujours une barrière de couleur, mais elle était certainement présente à l’époque où ils ont commencé.

Et puis je suis sûr qu’il y a eu des gens qui leur ont ouvert les portes aussi, vous voyez ce que je veux dire ? Mais Cy et Archie ont vraiment ouvert les portes à beaucoup de gens. Et mon père, il a joué sur la rue Yonge. Et c’était fort. Les musiciens noirs aimaient jouer sur Yonge, au Colonial, au Coq d’Or et dans certaines autres salles de cette rue.

C’est comme quand les militaires noirs sont revenus de la Deuxième Guerre mondiale... Ils sont tous allés en Europe, où ils se sont sentis comme des êtres humains, et quand ils sont revenus aux États-Unis, ils ne pouvaient même pas séjourner dans les mêmes hôtels que les Blancs. Pourtant, ils se sont battus avec eux dans les tranchées. Alors c’est comme ça, et Toronto était beaucoup plus ouverte que les États-Unis, mais il y avait quand même des barrières.

Comme je dis, Archie a été le premier musicien noir à atteindre un certain niveau.

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Archie Alleyne avec Sheldon Taylor et Eric Alister. Colour Me Jazz: The Archie Alleyne Story. Toronto: Kollage Productions, 2015.