Depuis son ouverture en 1894 jusque dans les années 1920, le Massey Hall était la seule salle de concert construite à cette fin au Canada. C’est aujourd’hui le plus ancien théâtre en activité en Amérique du Nord.
D’innombrables artistes aux multiples talents et genres se sont produits au Massey Hall. L’acoustique du Hall est remarquable, appréciée autant des artistes que du public. On dit qu’on peut entendre un mot chuchoté sur scène depuis le siège le plus éloigné du balcon.
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Écoute : Une liste de lecture du Massey Hall
Le Massey Hall a servi à de nombreux enregistrements par des artistes de renommée internationale, des classiques du jazz du Charlie Parker Quintet au groupe légende du rock canadien, Blue Rodeo.
Écoute une collection des divers styles de musique et interprètes que le Massey Hall a accueillis au fil des ans. Chaque chanson de cette liste de lecture a été enregistrée en direct dans la célèbre salle de concert de Toronto.
Photo : avec l’aimable autorisation du Massey Hall et du Roy Thomson Hall
Hart Massey
Aujourd’hui connu sous le nom de Massey Hall, l’établissement doit son existence à Hart Massey (1823-1896), industriel et philanthrope. La salle a été construite en mémoire du fils aîné de Massey, Charles Albert, musicien décédé en 1884 des suites de la fièvre typhoïde. Avant la construction du bâtiment, les musiciens de Toronto n’avaient aucun autre endroit pour jouer que les églises ou les autres bâtiments religieux.
Massey a donné 100 000 $ (équivalant à plus de 2 millions de dollars aujourd’hui) pour l’édifice, d’abord connu sous le nom de Massey Music Hall, et en a fait don aux citoyens de Toronto.
Photo de J.H. Beers & Co.
Avec l’aimable autorisation des archives du Massey Hall
Soirée inaugurale
Le Massey Hall a été construit en un peu plus d’un an. La famille Massey a collaboré avec l’architecte Sidney R. Badgley pour la conception et l’ambiance de l’édifice. Le Massey Music Hall a ouvert ses portes en juin 1894 avec une représentation du Messie de Handel devant une salle comble.
Au goût d’aujourd’hui, le design peut sembler très orné avec ses vitraux, ses loges privées et ses sièges en gradins sur scène, mais la salle était peu décorée selon les normes d’esthétique à l’époque victorienne.
Tout est très sobre, mais de bon goût. L’argent économisé sur le décor a été consacré à des sièges plus confortables et de meilleure qualité,
ainsi qu’à des allées plus larges et spacieuses… Mais, malgré sa simplicité, la salle se caractérise par une beauté calme et magnifique…
– Evening Star, 15 juin 1894
Photo de B. W. Kilburn,-Littleton, N.H., avec l’aimable autorisation de la Toronto Reference Library
Des discours enflammés
Comptant 3 500 places assises, le Hall était un endroit de premier plan pour les discours et les rassemblements publics. Le futur premier ministre britannique, Winston Churchill, a pris la parole au Hall en 1900 et l’éducateur et conseiller présidentiel afro-américain, Booker T. Washington, a été un conférencier invité en 1902.
En 1919, la suffragette canadienne Nellie McClung a mené un rassemblement passionné en faveur de l’égalité des droits de la femme au Hall.
Le Massey Hall a accueilli également le plus grand talent musical du monde. Le Chœur Mendelssohn de Toronto, qui existe toujours aujourd’hui, a été formé en 1894 pour célébrer l’ouverture du Massey Hall. En 1920, la vedette d’opéra internationale Enrico Caruso a donné un concert dans les illustres escaliers de secours du Hall pour une foule débordante. De 1923 à 1982, le Hall a accueilli le New Symphony Orchestra (renommé ensuite Orchestre symphonique de Toronto).
Avec l’aimable autorisation des archives du Massey Hall
Les fenêtres perdues
Les imposantes fenêtres en vitrail que l’on peut voir sur cette photo faisaient partie de la décoration originale du Hall et elles étaient très aimées du public. Même si elles permettaient de filtrer la lumière naturelle dans l’espace, malheureusement, elles transportaient également le son provenant des rues vers l’intérieur.
Lorsque Toronto est passé des chevaux et des chariots aux voitures et aux camions au début du vingtième siècle, les fenêtres ont été condamnées avec des planches pour assurer la tranquillité du Hall pour les concerts.
Dans le cadre d’importantes rénovations de la salle qui ont commencé en 2018, ces fenêtres ont vu le jour pour la première fois en plus de 50 ans.
Légendes du piano
À la fin des années 1940, deux légendes canadiennes du piano ont fait leurs débuts au Massey Hall. Glenn Gould a joué avec l’Orchestre symphonique du Conservatoire de Toronto alors qu’il n’était qu’un adolescent. Les premières revues du jeu de Gould laissant entrevoir le virtuose qu’il allait devenir:
L’autre caractéristique plutôt incroyable du concert était la prestation artistique d’un adolescent torontois de 14 ans, Glenn Gould, pianiste...
Son ton n’est pas lourd, mais la délicatesse de la structure lui donne une puissance claire.
– Pearl McCarthy, The Globe and Mail, 15 janvier 1947
Pendant ce temps, le pianiste de jazz canadien Oscar Peterson a donné l’un de ses premiers concerts au Massey Hall avec son trio en mars 1947. Le trio de Peterson s’est produit régulièrement au Hall durant les années 1950, aux côtés d’autres légendes du jazz, comme Ella Fitzgerald, Gene Krupa et Dizzie Gillespie.
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Écoute : Jazz au Massey Hall
Écoute le concert le plus légendaire des 125 ans d’histoire du Massey : Jazz at Massey Hall, qui a eu lieu le 15 mai 1953.
Ensemble, pour la première et unique fois, les titans du jazz, Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Bud Powell, Max Roach et Charles Mingus, ont gravi les marches de la scène donner une prestation de sept chansons de 46 minutes.
Le concert était le fruit du travail de la New Jazz Society, un groupe de jeunes fonceurs passionnés du genre dont certains étaient encore élèves au secondaire. La Society a recruté chacun des artistes individuellement pour donner le concert, ce qui a entraîné l’inhabituel nom de « Jazz Festival ».
Massey passe au rock
À mesure que les tendances musicales ont évolué dans la deuxième moitié du vingtième siècle, le Massey Hall a vu de nombreuses légendes du rock monter sur scène. Les groupes et les musiciens ont tiré parti de la renommée acoustique de la salle pour y enregistrer des albums enregistrés devant public.
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Écoute : En direct du Massey Hall
Sur cette piste, tu peux entendre une première version de « Old Man », une célèbre chanson de Neil Young. Young est né à Toronto en 1945.
La chanson est sortie pour la première fois sur l’album primé de Young de 1972, Harvest. Plus d’un an auparavant, le public de Toronto se délectait d’un aperçu de la chanson durant le concert de Young au Massey Hall en janvier 1971.
La prestation de l’artiste au Massey Hall ce soir-là devait sortir sous la forme d’un album enregistré devant public, mais l’enregistrement a accumulé la poussière sur une étagère pendant plus de 30 ans. Live at Massey Hall 1971 n’est sorti qu’en 2007, faisant ainsi enfin la lumière sur cette première version de l’une des chansons classiques de Young.
Rush au Massey
En juin 1976, le groupe de rock Rush a enregistré son premier album enregistré devant public, All The World’s A Stage, sur trois soirs au Massey Hall. L’album est devenu le premier album marquant du groupe dans le Top 40 aux États-Unis.
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Regarde Geddy Lee, membre du groupe Rush, décrire son expérience lors de concerts au Massey Hall et parler de ce que cela signifiait pour le groupe de jouer dans un établissement de premier plan à Toronto pour la première fois. Avec l’aimable autorisation de CitySonic TV; dirigé par Bruce McDonald, 2009. Remarque : Cette vidéo de tierce partie n’est pas sous-titrée.
Voir la transcription[Musique]
LEE : Avant toute chose, chaque fois que vous jouez dans votre ville natale, c’est différent de n’importe quel autre spectacle.
Présentateur : Je vous prie de bien vouloir accueillir RUSH. Bienvenue à la maison!
[Musique]
LEE : Nous étions au Massey Hall. Nous étions sur la scène de la salle de concert classique de Toronto. Il est difficile de connaître l’opinion objective du monde à l’égard du Massey Hall, mais j’aimerais croire que c’est notre version du Royal Albert Hall, ou quelque chose comme ça. Je me souviens venir ici pour voir les groupes que j’adorais. Mon trio préféré, Cream, allait donner un concert à Toronto et j’étais tellement enthousiaste à l’idée. De toute façon, aucun de mes amis n’était aussi enthousiaste que moi. Alors, j’ai dit que j’allais au Massey Hall. À l’époque, Ticketmaster n’existait pas. Rien de tout ça n’existait. Je suis allé à la billetterie, c’était palpitant. J’ai acheté un billet, j’étais assis juste là, près de cette colonne. À l’époque, lorsque vos héros montaient sur scène, ils ne marchaient pas vraiment. C’était comme s’ils flottaient sur la scène. Mes yeux étaient simplement rivés sur Jack Bruce, car il a été l’un de mes premiers héros de la basse. Et je n’ai de cesser de regarder toute sa chorégraphie et sa manière de chanter, de jouer de la basse. Je me souviens qu’il n’y avait que deux micros sur la scène et qu’ils avaient utilisé le système de sonorisation du Massey Hall au lieu de leur propre système. Ainsi, on entend la voix distorsionée de Jack Bruce et d’Eric Clapton pendant qu’ils faisaient rocker la salle. Le Massey Hall était le summum des concerts de prestige pour nous. Pour moi, ce bâtiment représentait la réussite musicale. Oui, oui, exactement. La virtuosité. Oui. C’était un bâtiment de prestige. L’idée de jouer au Massey Hall était le rêve inaccessible de tout jeune artiste en raison du fait que cet endroit avait gagné sa réputation grâce à la musique.
[Musique de guitare]
La première fois que nous avons joué, je pense que c’était en première partie de Nazareth, en 1975, puis nous avons donné un concert, plus tard dans l’année, je crois, après la sortie de Fly By Night, comme prestation principale, c’est le cas de le dire. C’était juste impensable. Soudainement, on produisait tous ces albums enregistrés devant public. Humble Pie avait sorti ce grand double album double enregistré devant public. C’était cette immense réussite et nous nous sommes dit que nous devrions faire un album comme ça, car semblait être le truc du moment, non? On a joué trois soirs ici. On a essayé de recréer l’impression d’être à un concert de Rush. On n’avait jamais fait un album enregistré devant avant, donc, on ne savait pas vraiment ce qu’on faisait. Ces trois soirées ont été vraiment folles. C’était vraiment palpitant. Absolument éprouvant. Impossible de nous gérer. Nous étions tous complètement anxieux.
[Musique de Rush ]
À ce jour, beaucoup d’admirateurs pensent que c’est leur album de Rush devant public préféré et c’est certainement l’album le plus brut que nous ayons jamais produit. Quand on vit dans une ville, ce genre de bâtiment est emblématique. À vrai dire, le Massey Hall est un bâtiment très, très important dans ma vie pour ce qui est de la musique avec laquelle j’ai grandi. Venir ici pour voir les groupes que j’aimais et aussi au cours de ma carrière, â a été un moment charnière. La journée où nous avons joué dans ce bâtiment.
Photo d’Andrew Terwissen, avec l’aimable autorisation du Massey Hall et du Roy Thomson Hall
Le Massey Hall a joué un rôle important dans ma vie – quand j’étais jeune, lorsque j’assistais aux concerts de groupes que j’adorais [...] il demeure une salle de musique classique au Canada.
— Geddy Lee, Rush
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Veste d’un placeur au Massey Hall
Toute personne qui a assisté à une représentation au Massey Hall peut reconnaître cette emblématique veste de placeur rouge. Les placeurs, responsables de diriger les membres du public vers leurs sièges et de distribuer les programmes, font partie intégrante de toute expérience au Massey Hall. La couleur rouge vif permettait aux membres du public et aux artistes d’identifier les placeurs dans le vaste espace de la salle.
La plupart des placeurs sont passionnés de musique et bon nombre d’entre eux ont été musiciens eux-mêmes. Parmi eux, les membres des groupes Lowest of the Low et Cowboy Junkies, après avoir porté la veste de placeur, sont montés sur scène.
Écoute : Dave Bidini au Massey Hall
Dave Bidini, musicien et écrivain, a joué sur la scène du Massey Hall et il a cessé de compter les fois où il a fait partie du public. Écoute-le évoquer certains de ses concerts préférés, aussi bien en tant que membre fondateur de Rheostatics, groupe de rock indépendant mondialement connu, qu’en tant que champion prolifique du talent musical au Canada.
En 2016, Rheostatics a donné une présentation spéciale de la série de concerts et de films « Live at Massey Hall ». Plus de 45 concerts ont été présentés et enregistrés pour cette série avant la fermeture temporaire de l’établissement en 2018. Tu peux tous les visionner sur le site www.liveatmasseyhall.com.
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Enregistré pour Heritage Toronto.
Voir la transcriptionDave Bidini : Je m’appelle Dave Bidini, de Rheostatics, et l’année prochaine, le groupe fêtera son 40e anniversaire.
Et... ouais. J’ai toujours ma sangle de guitare sur le dos. Nous avons eu l’occasion de jouer au Massey Hall à quelques reprises. Notre tragique dernière représentation.
Je dis tragique parce que nous sommes retournés jouer là-bas huit ans plus tard, mais je me souviens de la dernière fois où nous y avons donné un concert. En gros, je me souviens que, juste après une chanson, je me suis souvenu de m’arrêter pour écouter la foule. Nous avons joué cette chanson, « A Fan letter to Michael Jackson ».
Nous avions un grand groupe pour ce spectacle. Le groupe comptait six personnes et nous avons demandé à trois chanteurs de nous accompagner. Donc nous étions neuf sur scène. Nous avons créé une véritable et incroyable tempête sonore dans la dernière partie de cette chanson et c’était tout simplement... c’était une improvisation méditative où nous avons jonglé entre deux accords.
Nous avons vraiment atteint un apogée à la fin. Nous avons vraiment repoussé les limites du morceau, puis nous nous sommes arrêtés net. Je n’oublierai jamais le son qui se dégageait de la foule. C’était... c’était magnifique.
Cela sonnait merveilleusement bien dans cette salle et je n’avais jamais vécu une expérience pareille. Le son était comme une croix entre des personnes qui criaient de joie. C’était vraiment cela. Deux mille écoliers. Un son vraiment merveilleux et mélodieux et… presque comme le chant des oiseaux.
La suite
En 2018, le Massey Hall a fermé ses emblématiques portes rouges pour effectuer la plus grande revitalisation de son histoire. Le projet vise à restaurer et renouveler tant l’intérieur que l’extérieur de l’établissement, à améliorer les infrastructures et l’accessibilité pour les clients, à ouvrir deux nouvelles salles de concert et à voir le retour des vitraux originaux, qui ont 125 ans.
Peu avant sa fermeture, la salle a organisé une soirée pour fêter ses 124 ans d’histoire avec des concerts artistes qui ont gravi les marches de sa scène : Jim Cuddy de Blue Rodeo, Sarah Harmer, Buffy Sainte-Marie et Whitehorse. En hommage à l’importance de la soirée, les billets ne coûtaient que 18,94 $, un clin d’œil à l’année de l’ouverture du Hall.
En guise d’adieu final, Gordon Lightfoot, qui détient le record pour le nombre d’apparitions sur la scène du Massey (plus de 160!), a donné deux concerts à guichets fermés, y compris un concert final pour la fête du Canada avant la fermeture des portes.
Photo de Heather Pollock, 2015
Ouvrir la voie à suivre
Pendant la majeure partie de ses 125 premières années de vie, le Massey Hall a été une plaque tournante de la communauté autant qu’une salle de concert. Outre les groupes d’artistes locaux, des générations d’écoliers sont montées sur la scène historique du Massey Hall.
Même si le Massey Hall est connu principalement pour ses noms d’artistes à l’affiche, son engagement envers l’éducation et les générations futures ne s’est jamais éteint : en 1999, il a lancé le programme Share the Music, qui a distribue plus de 26 000 billets gratuits à des élèves et à des accompagnateurs pour des événements en tout genre de la programmation de l’établissement.
En 2017, la corporation a commencé à élargir son engagement envers l’éducation et la mobilisation communautaire en se soumettant à un processus de planification stratégique et en amorçant plus de 10 nouveaux programmes. Désormais, on peut sentir le pouls de l’esprit du Massey Hall à travers les activités se déroulant dans cette salle, dans les écoles et par l’entremise de partenariats avec des organismes communautaires.
As-tu joué lors d’un concert, ou assisté à un concert, au Massey quand tu étais élève? Parles-en sur les médias sociaux à @heritagetoronto.
Explore à fond
Massey Hall, Shine A Light, Volume I, mars 2017. (publication électronique).