Nous sommes au début du mois d’août 1988. Jim Cuddy et Greg Keelor, de Blue Rodeo, sont sur scène à Hamburg, dans l’État de New York. Ils sont les vedettes d’une fête foraine locale.
Le public ne tarde pas à huer le groupe torontois, qui n’est pourtant pas un nouveau venu dans le monde musical.
Jim et Greg jouent ensemble depuis les années 1970, et la chanson Try de leur groupe s’est classée au Top 10. Mais cette soirée-là, il y a quelque chose dans la foule, le lieu ou le moment qui fait dérailler le spectacle de Blue Rodeo.
Cette expérience difficile inspirera le prochain succès du groupe, « What Am I Doing Here? ».
Voilà l’une des plus grandes leçons que Blue Rodeo a tirées de ses 40 ans de succès : il ne faut pas se prendre trop au sérieux.
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Écoute : What Am I Doing Here?
On this useless night,
with you so far away
I stand in front of this ferris wheel,
and I wonder what am I doing here?— musique et paroles de Jim Cuddy & Greg Keelor
En cette soirée inutile
où t’es tellement loin
je me trouve devant la grande roue
à me demander ce que je fais ici.
NOW Magazine, 1984. Avec l’aimable autorisation de Blue Rodeo Productions
Les débuts
Comme bien des membres de groupes de musique, Jim Cuddy et Greg Keelor se sont rencontrés à leur école secondaire de North Toronto, où ils jouaient tous deux dans l’équipe de football.
Les deux sont restés en contact et ont commencé à jouer ensemble après l’université, d’abord dans un groupe appelé les Hi-Fis. Le groupe a essayé de se faire une place à New York, mais la meilleure chose qui leur soit arrivée pendant leur séjour a été de rencontrer le producteur Bob Wiseman, qui les a rejoints au clavier.
En 1984, le trio a choisi son nom. Il a ensuite accueilli deux autres membres, le batteur Cleave Anderson et le bassiste Bazil Donovan, qui ont répondu à une annonce désormais célèbre publiée dans le NOW Magazine.
Quand nous sommes revenus [de New York en 1981], il y avait un son bien précis, que Handsome Ned avait forgé. Par coïncidence, c’était aussi notre son.
— Jim Cuddy
De l’ombre à la lumière
L’année suivante, lors d’un spectacle au Rivoli, sur la rue Queen Ouest, à Toronto, Blue Rodeo a été repéré par Handsome Ned. Ned était un auteur-compositeur-interprète qui a été derrière la renaissance du country alternatif et du roots rock qui a émergé à Toronto.
Handsome Ned a ouvert la voie à un nouvel intérêt pour la musique country, non seulement pour Blue Rodeo, mais aussi pour d’autres groupes désormais incontournables, comme les Cowboy Junkies, Skydiggers et bien d’autres. Deux soirs après son premier concert au Rivoli, Blue Rodeo a assuré la première partie de Handsome Ned au Horseshoe Tavern, une adresse située tout près.
Blue Rodeo s’est rapidement fait un nom, grâce à un programme de tournée rigoureux qui l’a vu traverser le Canada plusieurs fois au cours des années suivantes.
Le groupe a signé une entente avec la maison Risque Disque de Toronto et a commencé à travailler en studio avec Terry Brown, le producteur de Rush, sur un premier album complet intitulé Outskirts.
Bien que cet album comporte certaines des chansons les plus connues du groupe, il a reçu un accueil initial plutôt tiède. Ce n’est qu’après la sortie de son deuxième simple, Try – une ballade saisissante –, que Blue Rodeo a commencé à connaître un succès commercial.
À l’époque, se souvient Greg Keelor, de nombreux membres du groupe avaient un emploi à temps plein. Ils travaillaient toute la journée et jouaient des spectacles le soir.
Puis, Blue Rodeo est devenu leur nouvel emploi à temps plein.
Photo de Jeff Goode, avec l’aimable autorisation des archives photographiques du Toronto Star
Un succès croissant
Comme tous les parents de musiciens, le père de Jim se faisait du mauvais sang pour le succès de Blue Rodeo. Cet ingénieur à l’esprit mathématique comptait les voitures stationnées lors des spectacles du groupe.
Mais lorsque Blue Rodeo s’est produit devant une salle comble au Ontario Place Forum en 1988, il a cessé de s’inquiéter.
Blue Rodeo a sorti quatre albums studio au cours des cinq années qui ont suivi, gagnant en confiance à chaque lancement. La critique a décrit cette discographie comme unique parmi l’oeuvre des artistes canadiens. Chacun de ces albums a donné lieu à des succès radiophoniques qui ont rejoint des légions d’admirateurs. Cependant, c’est le dernier album, Five Days in July (1993), qui a officialisé la place de Blue Rodeo dans l’histoire de la musique canadienne.
Cet album, considéré comme le plus grand succès commercial du groupe, devait au départ être une démo. Sa spontanéité et son caractère intime ont finalement été chaudement accueillis.
Affiche conçue par Carl Wiens, 2017
Écoute : Hasn’t Hit Me Yet
I was just walking into Port Hope […]
and the snow started to fall
and we got this shared
Canadian experience of watching snow.— musique et paroles de Jim Cuddy & Greg Keelor
En marchant vers Port Hope [...]
la neige a commencé à tomber
et nous avons partagé cette expérience canadienne,
regarder la neige.
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Avec l’aimable autorisation de Blue Rodeo Productions
Stardust et
autres projets en parallèle
En tournée pour leur sixième album, Nowhere to Here (1995), et après un spectacle désastreux au Maple Leaf Gardens, les membres de Blue Rodeo se sont rendu compte qu’ils avaient besoin d’une pause des studios et des concerts.
Ce bref intermède a débouché sur des projets solos, dont des albums pour Keelor et Cuddy, qui ont visé un son bien différent. Le duo a également lancé sa série de festivals Stardust Picnic en 1996 avec un spectacle au lieu historique national de Fort-York, à Toronto, bien avant que le parc Garrison Common n’accueille les festivals TURF et Arts & Crafts.
Grâce au festival Stardust, les deux musiciens ont commencé à mentorer d’autres artistes, comme Amy Millan de Broken Social Scene, qui a assuré leur première partie au début de sa carrière. À son retour en studio deux ans plus tard, Blue Rodeo était plein d’énergie. Bien que différents membres aient fait partie du groupe au fil des années, Blue Rodeo est demeuré une référence dans l’univers musical canadien.
Regarde : Blue Rodeo
en spectacle au Massey Hall
En 2015, le groupe a sorti un album enregistré au légendaire Massey Hall pour célébrer les nombreux spectacles qu’il y a donnés. Cet album a été salué par la critique. Regarde sa bande-annonce.
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Avec l’aimable autorisation de Blue Rodeo. Remarque : Cette vidéo de tiers n’est pas sous-titrée.
Voir la transcription[Montage présentant le groupe sur scène. Les mots « Blue Rodeo Live at Massey Hall » sont superposés sur les images. Les titres des chansons de l’album apparaissent ensuite successivement à l’écran, suivant la musique : Bad Timing, Diamond Mine, 5 Days in May, After the Rain , Disappear, New Morning Sun et Lost Together.]
Audio « Vous savez que c’est toujours un grand événement de venir au Massey Hall. » [applaudissements, hourras]
[musique country blues]
♪ It’s me, what a big surprise Calling you from the restaraunt round the bend ♪
[musique country rock]
♪ Well our love shines Yea our love shines Like a diamond mine ♪
[musique country blues]
♪ They met in a hurricane Standing in the shelter out of the rain She tucked a note into his hand ♪ [
balade pop]
♪ Oh after the rain Ohhh ohhh after the rain [vocalises] ♪
[musique country rock]
♪ You closed your eyes
You made a wish
You laughed and looked at me and said
What are you still doing here
That was before I learned how To disappear ♪
[musique country rock]
♪ Gotta rise up
Rise up and take the sky like a new morning sun
If we walk away
Then we walk away never knowing what we could have done ♪
[ballade rock]
♪ In your eyes I see that perfect world
I hope that doesn’t sound too weird
And I want all the world to know
That your love is all I need
And if we’re lost
Then we are lost together ♪
Merci beaucoup, [applaudissements]
Merci à vous tous, vous avez été merveilleux. Bonne nuit.
[applaudissements]
[La photo de l’album Blue Rodeo Live at Massey Hall s’affiche au-dessus des images des membres du groupe qui quittent la scène.]
Penser à l’avenir
Greg Keelor et Jim Cuddy ont travaillé à promouvoir la prochaine génération de talents canadiens. Le groupe a soutenu des artistes comme The Sadies, Cuff the Duke et Justin Rutledge, en plus de collaborer avec de nombreux autres.
De plus, les membres de Blue Rodeo ne cachent pas leurs opinions progressistes. En 1988, lors du 14e sommet du G7 à Toronto, les membres du groupe ont porté sur scène des t-shirts avec le message « Nourrissez les pauvres » en guise de protestation contre ce rassemblement des dirigeants des pays les plus riches du monde, dont l’organisation avait coûté 8 millions de dollars.
Depuis, ils ont donné des spectacles-bénéfice pour soutenir des causes comme les droits des Autochtones, le désarmement nucléaire et la protection des forêts pluviales de la côte Ouest.
Leur chanson « Stealin’ All My Dreams », parue en 2015, est leur morceau le plus ouvertement engagé. Ils ont sorti ce simple pour encourager la participation aux élections fédérales tenues cette année-là.
Regarde : Stealin’ All My Dreams
Écoute « Stealin’ All My Dreams », la chanson protestataire roots-rock de Blue Rodeo qui aborde certains enjeux politiques à l’approche des élections fédérales de 2015 en Canada.
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Gracieuseté de Blue Rodeo. Remarque : Cette vidéo de tiers n’est pas sous-titrée.
Voir la transcription[Vidéo granuleuse en noir et blanc montrant deux hommes – Jim Cuddy et Greg Keelor de Blue Rodeo – qui jouent de la guitare dans une ruelle devant un mur de briques blanches et des panneaux de stationnement. Dans le haut de l’image, on présente une série de statistiques et de faits liés à la politique canadienne.]
♪ Your pipeline will spill its disease
You shut down all the research libraries
And you muzzled all the white coats in your laboratories
Then you set your sights on the CBC
You’re stealing all my dreams
You’re stealing all my dreams
Whateverhappened to our democracy?
Well, this train came into town, the Reform Party
Little King, Stevie, & his monarchy
Behind the closed doors of corporate-ocrasy
You’re stealing all my dreams
You’re stealing all my dreams
He likes an enemy conspiracy
Greatest threat to mass security
He’ll throw me in jail cause I disagree
And I’m so scared of your oil industry ‘
Cuz I love the rivers & I love the stream
But, I’m scared for the children & the babies
I love the forest & I love the trees
Have you forgotten that you work for me?
You can start by honoring a treaty
You’re stealing all my dreams
You’re stealing all my dreams
War planes, computer games, robo-calls & Senate shame
It’s a crime if I descent Supreme Court held in your contempt
Native women, not a priority
Sometimes I wonder... just how you sleep?
You’re stealing all my dreams...♪
Distinctions
En 2018, Greg Keelor et Jim Cuddy ont reçu l’Ordre du Canada pour leur contribution à la musique et à des causes caritatives.
Le groupe a également reçu 12 prix JUNO, le prix Polaris Heritage Prize de la famille Slaight ainsi qu’une étoile sur l’Allée des célébrités canadiennes, à quelques rues au sud du Rivoli, où tout a commencé.
Photo de Heather Pollock, avec l’aimable autorisation de Blue Rodeo Productions
Écoute : Rose Coloured Glasses
I see a world that's tired and scared
of living on the edge too long
Where does she get off telling me
that love could save us all?— musique et paroles de Jim Cuddy & Greg Keelor
Je vois un monde fatigué et effrayé
d’avoir vécu trop longtemps au bord du gouffre
Comment peut-elle me dire
que l’amour pourrait tous nous sauver?
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Ça, c’est le son du Canada! Je n’ai jamais entendu un son aussi proche du son que fait notre pays! Selon moi, les hautes harmonies des meilleures chansons de Blue Rodeo relètent l’immensité de notre pays.
— Terry David Mulligan, ancien VJ de MuchMusic et animateur de MuchWest
Explore à fond
Site Web officiel de Blue Rodeo
Blue Rodeo in Stereovision.Réalisé par Ron Mann. Toronto : Warner Music Canada, 2004. DVD.
Blue Road. Produit par Blue Rodeo. Toronto : Warner Music Canada, 2008. DVD.